Des djihadistes de l'Etat islamique (EI) ont pris, hier, aux combattants kurdes, la localité irakienne de Sinjar, proche de la frontière syrienne, ont rapporté des responsables kurdes. «Ils ont hissé leur drapeau sur les bâtiments gouvernementaux», a affirmé un responsable de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), un des deux principaux partis kurdes d'Irak. D'autres responsables kurdes ont confirmé la prise de cette ville du nord-ouest irakien, située entre la frontière avec la Syrie et Mossoul, tombée aux mains des djihadistes au tout début de leur offensive en juin. Sinjar se trouve à une cinquantaine de kilomètres de la Syrie, où l'EI était déjà bien implanté depuis l'année dernière. «Les Peshmergas se sont repliés dans les zones montagneuses et sont rejoints par des renforts», a déclaré une source haut placée au sein de la force kurde. L'EI, qui a proclamé à la fin juin un «califat» sur les territoires qu'il contrôle à cheval entre l'Irak et la Syrie, a publié sur internet des photos de ses membres patrouillant dans la rue principale de Sinjar. Des dizaines de milliers de personnes s'étaient réfugiées dans cette ville après avoir fui l'offensive lancée le 9 juin par l'EI et ses alliés sunnites, qui leur a permis de s'emparer de larges pans de territoire irakien. «Des milliers de personnes ont déjà fui Sinjar, certaines en direction des montagnes avoisinantes qui sont toujours sous contrôle kurde, et également en direction de Dohouk», dans la région autonome du Kurdistan irakien, selon un autre responsable de l'UPK. Peu après avoir pris la ville, les combattants de l'EI ont détruit le petit sanctuaire chiite de Sayyeda Zaineb, a ajouté ce responsable. Nombre des déplacés qui s'étaient réfugiés à Sinjar font partie des minorités d'Irak, parmi lesquels des Turcomans chiites, des Yézidis et des Chabak. L'ONG Human Rights Watch a prévenu en juillet que les djihadistes en Irak semblaient vouloir «éradiquer» ces groupes minoritaires.