Mercredi dernier lors d'une rencontre avec le mouvement de la société civile de la localité de Béni Ounif (110 km au nord de Béchar), le wali de Béchar a demandé aux jeunes venus l'écouter de s'abstenir de la violence en tant que moyen pour résoudre les problèmes (allusion aux émeutes de Béni Ounif de mars 2004), recommandant à ces derniers d'appliquer les vrais préceptes de l'Islam, qui récusent la violence. « Les portes de mon bureau sont ouvertes à tous ceux qui rencontrent des obstacles insurmontables à leurs sollicitations », a-t-il martelé. Mais il a créé en même temps l'étonnement devant les participants lorsqu'ils s'était mis à louer l'érudition de deux imams d'Egypte fort connus des Algériens : l'imam Ghazali connu pour ses célèbres causeries religieuses tous les lundis sur le petit écran vers la fin des années 1980 et l'imam Karadaoui qu'il lui a succédé quelques temps plus tard. Pour le premier, on s'en souvient que le chef de l'Etat juste après son accession au pouvoir en 1999 avait déclaré qu'« il ne pardonnerait jamais à Ghazali ce qu'il avait fait pour son pays », nous confie un participant à cette encontre. Quant à El Karadaoui, les choses sont encore plus claires. Les Algériens gardent encore le vivace souvenir de ses propos inamicaux à l'endroit de notre pays sur la chaîne qatarie El Jazira lorsqu'il avait fustigé l'arrêt des élections législatives remportées majoritairement par l'ex-FIS en décembre 1991. L'imam avait critiqué en des termes d'une rare violence le rôle joué par les militaires qui avaient pressenti une « afghanisation de l'Algérie » si la formation intégriste de Abassi Madani s'était installée au pouvoir. La suite des événements a donné raison aux partisans de l'arrêt du processus électoral. Alors est-ce un oubli volontaire où une bévue délibérée de la part du représentant de l'Etat dont la démarche pourtant semble être jusqu'ici rationnelle et réaliste.