Des dizaines de femmes travailleuses et soutiens de famille exerçant à l'antenne de Larbaâ Nath Irathen (Tizi Ouzou) de la Chemiserie du Centre, une entreprise publique économique (EPE) dont le siège social est basé à Alger, sont en grève depuis le 21 juillet. Appuyées par une dizaine de leurs collègues hommes, agents de sécurité au niveau de l'antenne, ces travailleuses ont déclenché, à l'appel de leur section syndicale UGTA, «un débrayage illimité jusqu'à satisfaction de nos points de revendication». Elles réclament notamment «la cessation des retenues sur salaire, des mesures de suspension de nos postes de travail allant, pour certaines, jusqu'à 2 mois pour des motifs fallacieux, des décisions de fin de contrat, des abus d'autorité, etc.». Les ouvrières veulent obtenir, en outre, le droit à «la rémunération des journées travaillées pendant les week-ends de 2003 jusqu'à 2009», date à laquelle le nouveau week-end (vendredi/samedi) a été instauré. Par ailleurs, le collectif des grévistes et des syndicalistes dénonce «les tentatives des mercredi et jeudi derniers de rouvrir l'unité en requérant un huissier de justice et des forces de police, ainsi que l'envoi par l'administration, via la poste, des titres de congé d'office aux grévistes et aux éléments soutenant notre mouvement», expliquent les concernées. Des proches des travailleuses ainsi que des villageois se sont présentés, jeudi, devant l'unité Chemiserie du Centre pour observer «pacifiquement un regroupement de solidarité avec les travailleuses victimes de la hogra» en vue d'obtenir leurs droits légitimes, nous diront des familles de grévistes. «D'autres agissements pour diviser les rangs des travailleurs ont été également menés par la direction de l'antenne, au lendemain de l'Aïd El Fitr», déplorent-ils, expliquant que «ces agissements ont consisté à remettre des enveloppes d'argent à certaines travailleuses pour les pousser à se défaire du mouvement de grève». L'on apprend aussi que des comités de village de la localité sont «en concertation» pour organiser des «journées de solidarité» avec les travailleuses de l'unité «qui sont, dans leur écrasante majorité, des cas sociaux vivant dans la précarité». Une rencontre a eu lieu samedi après-midi, à Larbaâ Nath Irathen, entre des parents et des proches du collectif des femmes. A l'issue de la réunion, ils se sont entendus pour demander l'autorisation d'organiser une marche pacifique depuis l'unité Chemiserie jusqu'au siège du tribunal de la ville, pour demander à la direction générale et aux autorités d'œuvrer pour un «dénouement rapide du problème». Dans ce cadre, un groupe de parents et de représentantes des travailleuses s'est rendu, hier, au siège de la Société de gestion et de participation (SGP) de l'EPE à Alger. A rappeler que 18 sections syndicales UGTA, chapeautées par l'union de wilaya et l'union locale de la zone industrielle de Oued Aïssi, ont signé, en juin dernier, une «déclaration de soutien au collectif de travailleuses et travailleurs qui font face à la spoliation de leurs droits sociaux». L'usine étant fermée depuis le 21 juillet à cause de ce mouvement de grève, nos tentatives de joindre la direction pour un complément d'information n'ont pu aboutir. L'unité compte 190 travailleuses et une quinzaine d'hommes, agents de sécurité.