De quelques centaines de personnes, la régularisation des parents d'élèves sans-papiers serait massive. Selon plusieurs sources concordantes, environ 40 000 personnes seraient concernées par la circulaire du 13 juin sur la régularisation des « ressortissants étrangers dont le séjour en France est irrégulier et qui ont au moins un enfant scolarisé ». Le ministère de l'Intérieur refuse de confirmer ces chiffres et se refuge dans « la fermeté et l'humanisme ». Un exercice périlleux pour Nicolas Sarkozy. « S'il expulse ces familles, il risque de plomber son image en passant pour l'homme qui a déclenché "la chasse aux enfants". S'il procède à des régularisations massives, c'est à sa droite qu'il devra rendre des comptes. Pour le patron de l'UMP, la meilleure solution serait donc que ces familles quittent d'elles-mêmes la France », analyse Libération. Ce que refuse la quasi-totalité des familles. Elles veulent être régularisées et non retourner dans leur pays d'origine malgré les aides au retour. La droite, tétanisée par le CPE, a peur de payer électoralement quel que soit son choix. Non épargnée par son extrême, critiquée sur sa gauche, elle semble en retrait depuis quelques semaines ; ce n'est pas les déclarations contradictoires qui apaiseront les esprits. Le Réseau éducation sans frontières (RESF), collectif de dizaines d'associations à l'origine de la mobilisation, reste vigilant. RESF estime qu'un mois après la promulgation de la circulaire Sarkozy sur les régularisations au cas par cas, et « un mois avant son terme annoncé, la confusion la plus grande semble toujours régner ». « Les préfectures visiblement débordées par le nombre de dossiers déposés se bricolent chacune son interprétation maison, sans que le ministère parvienne à dire clairement qui est autorisé à déposer un dossier et moins encore qui sera régularisé », note RESF. Comme pour montrer que le ministère de l'Intérieur reste ferme dans ses positions même s'il est obligé de lâcher du lest, Place Beauvau fait savoir que les expulsions continuent. Après un lycéen marocain, c'est toute une famille ukrainienne, avec deux enfants scolarisés, qui a quitté la France. La hantise demeure « l'appel d'air » en cas de régularisation massive. A partir du 13 août, les familles déboutées auront un mois pour quitter le territoire français. Sinon, elles retomberont dans l'illégalité. RESF laisse entendre que « la chasse aux enfants » a déjà commencé et donne beaucoup de détails sur son site Internet.