Conseil de sécurité des Nations unies s'est réuni hier en urgence, à la demande de Beyrouth, en vue examiner la situation au Liban. « Nous nous réunissons dans l'ombre d'une vaste et barbare agression d'Israël contre mon pays », a déclaré l'ambassadeur du Liban à l'ONU, Nouhad Mahmoud. M. Mahmoud a souligné les premiers dégâts collatéraux de l'offensive israélienne, tout en indiquant que de nombreuses infrastructures civiles ont été complètement détruites. Le représentant libanais a insisté sur le caractère « barbare » de cette offensive qui est, à ses yeux, « une violation flagrante » de toutes les résolutions, lois, conventions et coutumes internationales. M. Mahmoud a indiqué que rien ne peut justifier une telle « agression ». Pour lui, les arguments israéliens selon lesquels le gouvernement libanais est impliqué dans le kidnapping de deux soldats israéliens par le Hezbollah (parti armé actif au sud du Liban) ne tiennent pas la route. M. Mahmoud a conclu son intervention sur le fait que ces attaques militaires visent à faire fléchir le gouvernement libanais. L'ambassadeur israélien à l'ONU, Dan Gillerman, a considéré inéluctable cette offensive militaire, qui, pour lui, constitue « une réponse directe à un acte de guerre ». M. Gillerman a indiqué que les raids israéliens visaient « soigneusement » les camps de Hezbollah, sans bien sûr expliquer pourquoi l'aéroport de Beyrouth a été bombardé. Il n'a pas non plus hésité à faire porter le chapeau à la Syrie et à l'Iran en les accusant d'assistance au Hezbollah et au Hamas palestinien. Le représentant israélien a expliqué, dans un langage purement américain, que l'attaque militaire ayant ôté la vie à des dizaines de civils libanais s'inscrit « dans la guerre livrée au terrorisme ». L'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, John Bolton, a, de son côté, fait porter l'entière responsabilité de la crise actuelle au Hezbollah libanais et au Hamas palestinien. « Toutes les milices au Liban, y compris le Hezbollah, doivent rendre les armes et se démanteler immédiatement et le gouvernement libanais doit étendre et exercer son contrôle exclusif sur l'ensemble du territoire libanais », a-t-il demandé sans pour autant évoquer l'ampleur de l'offensive israélienne contre le Liban. M. Bolton a cependant exprimé le soutien de son pays au Premier ministre libanais Fouad Siniora, tout en affichant sa préoccupation quant à l'avenir de « la fragile démocratie » dans ce pays. Le représentant français Jean-Marc de La Sabliere, quant à lui, a condamné la destruction d'infrastructures civiles libanaises, notamment l'aéroport. « Le peuple libanais ne doit pas être pris en otage », a-t-il alerté. La réunion du Conseil de sécurité a été levée sans qu'il y ait de résolution exigeant un cessez-le-feu total, comme cela était le souhait du Premier ministre libanais, Fouad Siniora.