Il n'y aura pas de bataille diplomatique pour le Liban. En ne condamnant pas l'ignoble carnage de Cana, se contentant de déplorer, donnant -a posteriori- quelque part, raison à Israël, le Conseil de sécurité a définitivement abdiqué ses droits au profit de l'hégémonisme américain qui impose sa «lecture» des événements au Proche-Orient sous l'antienne comme quoi Israël a le «droit de se défendre» refusant ainsi d'examiner les raisons profondes du conflit qui ensanglante la région depuis plusieurs décennies. La non-décision du Conseil de sécurité qui a, encore une fois, refusé de condamner les crimes d'Israël au Liban, constitue en fait un autre feu vert à l'Etat hébreu de poursuivre son «nettoyage» au Liban. Cana - et l'assassinat de sang-froid de près de soixante personnes, dont 37 enfants- est le résultat direct de l'échec de la conférence de Rome, échec interprété par Israël comme un accord tacite à la poursuite de ses opérations criminelles au pays du Cèdre. Une organisation des Nations unies, dépassée par les événements, inapte à protéger des pays membres victimes de la barbarie et de la sauvagerie comme le Liban attaqué par l'armée israélienne et, également incapable de faire respecter par d'autres pays membres, Israël et les Etats-Unis singulièrement, sa charte fondatrice, a-t-elle encore à jouer dans les relations inter-étatiques mondiales? M.Annan, secrétaire général de l'ONU a réuni hier, autour de lui les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie) pour discuter de la situation prévalant au Liban. Mais tout n'a-t-il pas été dit après l'échec du Conseil de sécurité de condamner l'ignominie israélienne à Cana? L‘ambassadeur français à l'ONU, Jean-Marc de la Sablière, président du Conseil de sécurité pour le mois de juillet avait indiqué hier à la presse qu'«il est important que l'on puisse échanger des vues quelquefois en petit comité et c'est pour cela qu'on s'est réuni autour du secrétaire général» à la sortie de ce petit-déjeuner qui a duré plus d'une heure à la résidence de M.Annan à New York. Or, il est aujourd'hui établi que le temps n'est plus à la discussion mais bien à la décision et celle-ci ne peut être autre que de mettre le holà à l'agression d'Israël contre le Liban et les territoires palestiniens -agression qui se poursuit dans la bande de Ghaza dans le huis-clos et le silence absolu de la «communauté internationale»-. L'urgence est celle-là, mettre un terme à l'agression israélienne, au moment où le gouvernement israélien a décidé d'élargir le front jusqu'au fleuve Litani, (jusqu'à 30Km à l'intérieur du Liban) qui est en fait un des objectifs affirmé de la guerre imposée par Israël au Liban depuis 22 jours. De fait, pendant que l'ONU discute du sexe des anges, confirmant son impuissance à imposer à l'Etat hébreu le droit et les lois internationales, ce dernier, sûr de son impunité, annonçait hier la reprise -aujourd'hui- des bombardements sur le Liban de même que l'élargissement de son terrain d'opération jusqu'aux rives du Litani. C'est dire le cas qu'Israël fait des décisions ou non-décisions que pourrait prendre ce «machin» qu'est l'ONU, définitivement disqualifiée en vérité dans les contentieux qui mettent la paix du monde à mal. Le Conseil de sécurité -veto américain oblige- qui n'a jamais réussi à faire se conformer Israël à ses résolutions -quasiment toutes en attente d'application par l'Etat hébreu- a totalement abdiqué ses prérogatives internationales au profit de la superpuissance mondiale qui, en fait, s'est substituée à l'instance internationale en faisant obstruction au droit et aux lois internationaux dès qu'il s'agit d'Israël, droit et lois applicables en revanche au commun des Etats dans le monde et singulièrement aux pays arabes, (cf ; la résolution 1559 de septembre 2004 que la Syrie a été contrainte d'appliquer par le retrait de son contingent militaire stationné au Liban). Il est patent que l'ONU, en se mettant au service des puissants, a outre perdu son âme, surtout perdu la raison même de son existence.