Avant-hier lundi, la majorité des commerçants de Nédroma et Ghazaouet ont baisé rideau dans un mouvement de contestation contre la nouvelle mesure douanière relative à l'élargissement de la liste des produits soumis à autorisation de circuler dans la zone du rayon des douanes. La liste additive de produits assujettis au passavant, objet de cette large contestation, comprend, entre autres, les aliments secs, les pâtes alimentaires, les huiles de table, l'oignon, les dattes, le sucre, les eaux minérales gazeuses et les jus, ainsi que les ustensiles de cuisine, les téléviseurs et les équipements électroménagers. Cette mesure, mise en œuvre dans le cadre de la lutte contre la contrebande et la fraude fiscale par l'Etat, est perçue par les commerçants et les opérateurs économiques des régions sous passavant comme étant un «embargo» entraînant inéluctablement la pénurie et donc la hausse des prix qui érode davantage le pouvoir d'achat du citoyen modeste. «Nous ne sommes pas contre le fait que les produits subventionnés par l'Etat soient soumis à autorisation, mais imposer un passavant à pratiquement tous les produits de large consommation traduit le mépris et la condescendance vis-à-vis de la population de cette région», s'indigne un grossiste. Pour cela, ajoute ce représentant des commerçants de la région, «nous demandons l'annulation pure et simple de cette mesure». Une déclaration fortement applaudie par les nombreux commerçants qui se sont réunis devant le siège de la daïra pour exprimer leur inquiétude quant à cette mesure astreignante. Un autre opérateur économique, en détresse à cause de cette nouvelle contrainte, ne sait plus à quel saint se vouer pour dire, à qui veut l'entendre, que son entreprise va droit vers la fermeture, voire la faillite. «J'ai bénéficié d'un crédit ANSEJ pour créer ma petite entreprise (conditionnement du sucre en stick). J'emploie 06 ouvriers, mon affaire marche bien. Je respecte mes engagements de remboursement du crédit, mais quelle fut ma surprise lorsque mon fournisseur d'Oran m'a informé que, désormais, il ne pourrait plus me livrer le sucre à cause du passavant. Cela veut dire tout simplement que je vais devoir mettre la clef sous le paillasson», s'inquiète le jeune chef d'entreprise. Par ailleurs, les grossistes et commerçants s'accordent à dire que ces mesures ne sont pas aussi efficaces qu'on le pensait pour lutter contre la contrebande. Ils estiment que le lieu des déclarations de marchandises ou ce qu'ils appellent «la première frontière», le lieudit 35 situé à environ une quarantaine de kilomètres à la ronde à partir de la frontière, n'est pas approprié. «Ils considèrent même son éloignement de la vraie frontière et à défaut d'un contrôle a posteriori régulier favorise la contrebande». «Si on veut lutter efficacement contre la contrebande c'est au niveau de la frontière qu'il faut durcir la répression», tempête un commerçant. Quant à la lutte contre la fraude fiscale, les contestataires jugent que cette mesure doit s'appliquer à la source au niveau des fournisseurs pour la délivrance obligatoire de factures. La station balnéaire de Marsat Ben M'hidi est sous embargo économique depuis trois jours, en raison de la grève générale des commerçants qui ont fermé boutique pour protester contre la circulaire ministérielle (n°35 du 17 juin 2014) les assujettissant à une autorisation douanière de circuler. Piégés, les estivants venant de toutes les wilayas du pays se sont retrouvés dans l'expectative. Plus aucun produit de consommation en vente, à l'exception des rusés qui peuvent se débrouiller… au marché noir une bouteille d'eau minérale de 1 litre à 75 DA. Sensible à cette situation désobligeante, l'Algérienne des eaux a érigé un chapiteau sur la plage et a mobilisé du personnel pour venir en aide à la population. Pas moins de 8 000 sachets d'eau potable sont distribués aux estivants. «On a commencé par 4 000 sachets, mais dès que le produit s'est raréfié dans les commerces, pour ne pas dire qu'il a complètement disparu, on a doublé notre offre. Aux personnes de se rapprocher de notre chapiteau pour s'en approvisionner sans aucun protocole. Tout le monde y a droit», nous a expliqué un employé de l'ADE. Cette opération, qui a démarré début août, se poursuivra jusqu'à la fin de la saison estivale. «Nous n'avons pas à tergiverser, cette opération entre dans le cadre de l'amélioration du service public», a précisé notre interlocuteur.