L'instauration du passavant (titre pour l'introduction de marchandises dans la zone terrestre du rayon des douanes), qui entre dans le cadre des mesures prises par les pouvoirs publics pour la lutte contre la contrebande, continue d'irriter les commerçants et d'être à l'origine de l'augmentation des prix de divers produits dans les régions frontalières. Selon les services des douanes, l'objectif de cette mesure est double, à savoir contraindre les commerçants et les grossistes à exiger les factures de leurs fournisseurs afin qu'ils soient tous imposés sur leurs bases et également pour la traçabilité des produits qui sont introduits dans la zone frontalière pour d'éventuels contrôles qui peuvent être opérés a posteriori, et ce afin de parer au maximum à la commercialisation illégale transfrontalière. Cette mesure qui oblige donc les commerçants et autres à déclarer leurs marchandises au niveau de la brigade mixte, composée des services des impôts, de la douane et du commerce et dont le siège est situé sur la RN 35, à 35 km environ de Maghnia, continue d'être mal perçue par le simple citoyen. Si cette mesure est arrivée à atténuer quelque peu la saignée économique que la contrebande cause, elle a malheureusement engendré dans son sillage une hausse des prix au niveau des régions frontalières. En effet, devant cet état de fait et tenant compte de la réalité de la pratique commerciale sans factures, la quantité de marchandises introduite dans la région frontalière a fortement baissé et, du coup, c'est le consommateur qui se trouve obligé de supporter la hausse supplémentaire des prix que cela a engendré. Les habitants des daïras situées dans le territoire des douanes (dans une bande de 35 km par rapport à la frontière), qui se voient ainsi obligés de payer plus cher que nulle part ailleurs sur le territoire national, ne cessent de crier leur désarroi mais vainement. Pour les commerçants détaillants, les prix ont augmenté au niveau des grossistes. Ces derniers, à leur tour, renvoient ceux-ci à leurs fournisseurs de l'intérieur du pays, qui refusent de leur facturer la marchandise pour modérer leur chiffre d'affaires, ce qui les contraint à aller encore plus loin pour chercher la marchandise facturée. D'où des frais de transport supplémentaires que le consommateur, «dindon de la farce», doit supporter évidemment. Devant cette situation, il semble que l'on se comporte sournoisement au ministère des Finances lequel a pondu un nouvel arrêté, publié dans le JO n°35 du 17 juin 2014, pour la mise à jour de la liste des marchandises soumises à l'autorisation de circuler dans le territoire douanier. Pour une large diffusion, un communiqué a été diffusé pour toute la presse par la cellule de communication de la direction des Douanes de Tlemcen. Au final, concluent des observateurs, «malgré ces mesures, malgré la tranchée creusée le long de la frontière, malgré les moyens humains et matériels mis en branle le long de la frontière par les directions générales de la Gendarmerie et de la Douane, la marchandise continue de passer de l'autre côté de la frontière et le citoyen frontalier continue de payer plus cher qu'ailleurs pour couvrir les frais de transport des marchandises et les impôts supplémentaires et de subir la crise du carburant».