L'avancée de l'Etat islamique vers le barrage Saddama et la prise de la ville de Sinjar, située à la frontière syrienne, près de Mossoul, menacent la communauté yazidie. Tandis que les aides vers les populations du mont Sinjar affluents en masse, le Pentagone a annoncé, hier, qu'une évacuation n'était plus envisageable. L'ambition de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) d'imposer la création d'un Etat islamique gagne considérablement du terrain au nord de l'Irak, et sur une partie de la frontière syrienne. Les Peshmergas, milice kurde, peinent à faire face aux offensives des islamistes. Soutenus par la communauté internationale, la France et les Etats-Unis qui les fournissent en armement, les 200 000 combattants kurdes sont encore en difficulté. Ces combattants du Kurdistan, qui assuraient la protection du mont Sinjar, ont annoncé avoir repris deux villes du Nord irakien, précédemment entre les mains de l'EIIL. Entre-temps, la communauté yazidie a dû prendre la fuite. Près de 500 membres de cette communauté, qui en compte 500 000, ont trouvé la mort ces derniers jours dans des circonstances qui dénotent d'une situation humanitaire dramatique. Le ministre irakien des Droits de l'homme a déclaré, dimanche dernier, que certains d'entre eux auraient même été enterrés vivants. Ces populations dont les croyances ancestrales issues du zoroastrisme remontent à la naissance de la religion musulmane s'identifient à une doctrine syncrétique du christianisme et de l'islam. Considérés comme des hérétiques par l'EI, les habitants des montagnes arides du Nord irakien n'ont aujourd'hui d'autre choix que de se convertir à l'islam pour survivre. Qualifiés «d'adorateurs du diable» à cause de leur culte de l'ange-paon, «Malek-Taous», assimilés au diable par les islamistes, les Yazidis font l'objet d'un acharnement de la part des djihadistes qui les poussent à quitter leurs terres. La situation alarmante de la communauté yazidie et des minorités religieuses persécutées suscite depuis une semaine une mobilisation humanitaire internationale importante. Justine Greening, ministre britannique chargée du Développement international, a annoncé l'envoi, dans la nuit de mercredi à jeudi, de deux Hercule C130 contenant 13 200 litres d'eau potable et 480 abris pour les Yazidis de la chaleur qui atteint en cette saison les 40° C dans la région. Cette opération est la quatrième du genre à laquelle procède le Royaume-Uni qui totalise l'envoi de 48 000 litres d'eau potable. David Cameron a confirmé l'aide britannique en expliquant que «des plans précis ont été adoptés et le Royaume-Uni y participera, tout comme il l'a fait, en envoyant des avions et de l'aide britanniques afin d'aider ces personnes à survivre, alors qu'elles se trouvent dans une situation désespérée.» Des forces britanniques et une vingtaine de soldats américains ont aussi été envoyés dans le Nord irakien afin d'évaluer la situation et de mettre en place une expertise visant à la préparation d'une opération d'évacuation des populations minoritaires, finalement annoncée jeudi comme «beaucoup moins probable» par le Pentagone. Frappes L'Allemagne a décidé de faire parvenir dès aujourd'hui du ravitaillement ainsi que du matériel qui seront remis à des organisations de l'ONU présentes à Erbil, où un convoi français avait été dépêché mercredi dernier. Les autorités turques ont accueilli, hier, 2000 Irakiens hébergés dans un campement de toile de la ville de Silopie, située à la frontière commune avec l'Irak. Les capacités d'accueil de la Turquie tendent à s'agrandir uniquement pour les personnes munies d'un passeport. A cet effet, le vice-Premier ministre turc a assuré qu'«il est encore possible pour les gens de venir en Turquie», l'Etat projetant de bâtir une ville de tentes d'une capacité de 16 000 personnes près des frontières irakiennes. Le départ des Yazidis de la ville de Sinjar suite à l'offensive islamiste a considérablement réduit le nombre de civils irakiens qui sont «beaucoup moins nombreux», selon les affirmations de Washington. Des milliers de familles ont fui vers la Syrie, et ce sont pas moins de 8000 demandes de visa vers la France qui ont été enregistrées par le consulat français d'Erbil. En dépit de l'annulation de l'évacuation prévue par le Pentagone, Barack Obama s'est exprimé hier en annonçant que l'armée américaine poursuivrait ses frappes aériennes contre l'Etat islamique. Le président américain s'est réjoui de la situation dans les montagnes en saluant les efforts de l'armée américaine. «Les Américains devraient être fiers de nos efforts, car grâce aux compétences et au professionnalisme de nos militaires et à la générosité de notre peuple, nous avons brisé le siège de l'EI dans les monts Sinjar et avons sauvé beaucoup de vies innocentes», a-t-il déclaré. M. Obama a aussi expliqué que les personnels américains envoyés sur place quitteraient dans les jours à venir le territoire, en soulignant que «grâce à ces efforts, nous ne nous attendons pas à devoir mener des opérations supplémentaires pour évacuer ces gens des montagnes, et il est peu probable que nous devrons poursuivre les largages d'aide humanitaire au-dessus des montagnes.»