A Ferguson, dans le Missouri, la tension reste vive, dix jours après la mort de Michael Brown, un jeune Noir de 18 ans, tué par un policier. Les circonstances de sa mort ne sont toujours pas connues. Les autorités ont décrété l'état d'urgence dès les premières heures du drame et instauré un couvre-feu de minuit à 5h, heure locale, mais de nouvelles manifestations ont eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi. Alors que la majorité des habitants étaient rentrés chez eux, plusieurs centaines de manifestants se sont frottés aux forces de l'ordre. Ils s'étaient rassemblés dans le quartier où le jeune a été tué et refusaient de quitter les lieux. Les agents en tenue antiémeute, soutenus par un véhicule blindé et un hélicoptère, ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser la foule dans la nuit. En dépit d'un appel au calme du président Barack Obama, la ville a connu une nouvelle nuit d'émeutes à caractère racial, qui s'est soldée par deux blessés par balles et 31 arrestations, selon la police. En fin de journée, environ 200 agents de la Garde nationale sont arrivés. Des tireurs d'élite ont été postés sur les toits des commerces alentour. La tension était montée d'un cran dans la cité quand la police a semblé soupçonner le jeune homme d'un vol de cigares intervenu 20 minutes avant la fusillade fatale. La famille s'est dite «scandalisée» par la publication de ces informations, destinées, selon elle, à «tenir la victime pour responsable et à détourner l'attention». En fait, l'affaire a réveillé de vieux démons : la haine raciale, la justice à deux vitesses et les armes à feu. La société américaine se retrouve au banc des accusés. Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, a dit lors d'une conférence de presse avoir recommandé au gouverneur une utilisation «limitée» de la Garde nationale et a estimé que rien n'excusait «l'utilisation excessive de la force par la police locale». Ce genre d'événement met en lumière les rapports souvent délicats entre Blancs et Noirs américains, une communauté sur laquelle reposent les stéréotypes les plus négatifs. Tout en souhaitant rester «prudent» sur le dossier tant que l'enquête est en cours, M. Obama a évoqué les inégalités raciales aux Etats-Unis et les communautés «qui se retrouvent souvent isolées, sans espoir et sans perspectives économiques». «Dans de nombreuses communautés, les jeunes gens de couleur ont plus de chances de finir en prison ou devant un tribunal que d'accéder à l'université ou d'avoir un bon emploi», a-t-il souligné.