Notre confrère journaliste Moussa Ouyougoute vient de publier un livre, intitulé «Médiatisation de mouvements politiques. Mouvement de Kabylie d'avril 2001» paru aux éditions Presses académiques francophones, (basées à la frontière franco-allemande). Il s'agit d'un travail que j'ai réalisé dans le cadre d'une maîtrise en sciences politiques à Grenoble. Mon travail montre comment nous les journalistes avions couvert cette mobilisation d'une ampleur sans équivalent», explique l'auteur. «Cet ouvrage de 148 pages ne traite pas du mouvement sociopolitique de 2001, mais de son traitement médiatique. C'est une réflexion sur le métier de journaliste en situation de crise. C'est le premier mouvement d'une telle ampleur que la presse privée, dite indépendante, a eu à couvrir», précise-t-il. En avril 2001, une révolte a secoué la Kabylie après l'assassinat d'un lycéen dans les locaux de la gendarmerie près de Tizi Ouzou et l'interpellation, quatre jours après, par des gendarmes de trois collégiens à Amizour (Béjaïa). La répression de cette révolte où la population réclamait ses droits humains et politiques a fait 126 morts et des milliers de blessés. Le mouvement a été largement couvert par la presse écrite privée. Il meublera les manchettes des journaux durant près de trois années. Dans son travail de recherche, Moussa Ouyougoute s'intéresse à de multiples enjeux : «Quelles ont été les stratégies, si stratégie il y avait, des différents acteurs et des médias qui s'en sont servis mutuellement ? Et à quelles contraintes les journalistes ont-ils été confrontés ?» «J'ai circonscrit le travail à une seule région de la Kabylie : Béjaïa en l'occurrence. Et à certains titres de la presse francophone plus particulièrement. Mon travail a montré que les animateurs du mouvement citoyen, conscients du rôle que pouvaient jouer les journalistes, avaient adopté leur stratégie en fonction des médias. Ils étaient certains d'avoir un article du correspondant local, censé couvrir les assemblées générales, les marches, meetings et sit-in, et espérer obtenir au niveau des rédactions centrales des articles des analystes, des éditorialistes, voire même des chroniqueurs», souligne l'auteur. «Les interrogations étaient de ce fait à l'intersection de la sociologie du journalisme et de la sociologie des mouvements sociaux : comment la presse a-t-elle rendu compte de cette mobilisation ? A quelles contraintes ont été confrontées les journalistes dans l'exercice de leur métier ?» poursuit-il. «Je suis en train de poursuivre cette réflexion dans le cadre de ma thèse de doctorat en sociologie à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) Paris», indique Moussa Ouyougoute, journaliste depuis bientôt une vingtaine d'années et actuellement chef du bureau de Liberté à Béjaïa. L'auteur est ancien diplômé en sciences politiques à Grenoble et titulaire d'un Master en études internationales et européennes (faculté de droit de Grenoble). Il est aussi doctorant en sociologie à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) Paris.