«On trouve les mêmes articles avec des angles d'attaque différents. Mais peu de reportages et enquêtes sur la corruption», déplorent les lecteurs algériens. Des hauts et des bas partout et dans tous les domaines. «Tant qu'il n'y a pas un journalisme d'investigation au sens propre du mot, on ne peut pas s'exprimer sur le développement de la presse algérienne. Mais, il faut reconnaitre tout de même l'existence d'un minimum d'information crédible sur la scène médiatique nationale», ont souligné hier, de nombreux lecteurs que nous avons interrogés sur la problématique de la presse dite indépendante. Partagés entre ceux qui approuvent l'engagement de la presse à fournir des articles de qualité et crédibles et ceux qui n'hésitent pas à traiter les journalistes de menteurs, le lectorat algérien est unanime à reconnaître que sans liberté d'expression au sens noble du terme, on ne peut pas s'attendre à grand-chose de ce quatrième pouvoir, tant que des pressions de toutes sortes sont dénoncées aussi bien de la part des journalistes que des lecteurs. Moussa Ouyougout, journaliste à Béjaïa dira: «Je suis journaliste et lecteur en même temps. Mais, je dois dire que je me retrouve souvent noyé lorsqu'on trouve des dizaines de quotidiens étalés chez les buralistes, sans pour autant apporter une valeur ajoutée pour les médias»,a-t-il dit avec un esprit neutre. Tout en insistant sur la qualité du produit au lieu de la quantité, Moussa n'a pas hésité à relever les difficultés qu'il a rencontrées chaque fois, en tant que correspondant local pour accéder aux sources d'information. Un avis partagé par plusieurs correspondants que nous avons rencontrés à maintes reprises. Rencontré par le fait du hasard, Ali Fawzi Rebaïne président du parti AHD 54, s'emporte contre le pouvoir politique qui est à l'origine de tous les blocages selon lui. «La journée du 22 octobre qui a été inscrite comme Journée nationale de la presse, n'est que de la poudre aux yeux et cette journée n'a aucun sens», dit-il tout en stigmatisant l'activité politique qui limite la liberté d'expression et d'actions, aussi bien pour les médias, que pour les partis politiques. Usant et abusant du fait que la journée du 22 octobre, n'est autre qu'un «entretien artificiel» qui va dans le sens des intérêts politiques et commerciaux occultes, M.Rebaïne ajoute que tant que «la critique n'est pas admise comme une exigence pour faire avancer le rôle de la presse en tant que fer de lance, il ne faut pas espérer un changement en Algérie» à croire le président de AHD 54. Mettant en avant la situation précaire des journalistes algériens qui ne bénéficent pas tous des mêmes avantages, des lecteurs et des buralistes qui sont à la pointe avec un nombre indéterminé de journaux reviennent sur la question de la presse. «Souvent on trouve les mêmes articles avec des angles d'attaque différents». Avant d'ajouter que les lecteurs trouvent rarement des reportages, des enquêtes, des dossiers qui sont liés au phénomène de la corruption qui gangrène le pays, déplore-t-il. Faisant la comparaison entre la presse écrite et la presse électronique qui donnent des informations plus ou moins complémentaires les unes que les autres, le lectorat algérien se retrouve plus ou moins satisfait par rapport à la presse qui relève de la presse publique qui écrit souvent dans le sens de la complaisance. «Entre la presse indépendante et la presse publique, il n'y a pas une grande différence. Chacun des titres soutient des intérêts qui vont parfois à l'encontre de la déontologie et de son lectorat», déplore Hamid H., chercheur en sociologie. Quant à Slim, le célèbre caricaturiste qui n'est plus à présenter, dira à propos de la presse: «La presse ne dit pas toute la vérité surtout lorsqu'il s'agit des opérateurs de téléphonie mobile», regrette-t-il tout en insistant sur le devoir et la responsabilité des journalistes professionnels à respecter l'éthique du métier de journaliste, si l'on veut faire progresser les mass-médias en Algérie.