Le financement et la tarification des actes médicaux pour un accès aux soins équitable pour tous renvoyés aux calendes grecques. Les dispositions de l'avant-projet de loi relatif à la santé ne semblent pas mettre fin à la descente aux enfers qui caractérise le secteur depuis plusieurs années. Une loi sanitaire tant attendue, mais qui a malheureusement déçu de nombreux observateurs et acteurs de la santé. L'avant-projet de loi élaboré à l'issue des assises nationales ne reflète pas, en fait, les ambitions des uns et des autres. Sa mise à la disposition des partenaires sociaux pour enrichissement atteste que le texte est loin d'être complet. Mais cela n'empêchera pas le ministère de la Santé de se féliciter pour avoir mis au point un texte archivé dans les tiroirs depuis 2003. Loin des préoccupations Une loi sanitaire qui ne répond pas, en fait, à toutes les préoccupations. Lesquelles ne peuvent être prises en charge par un simple texte de loi estime le professeur Djidjli, président du Syndicat des professeurs chercheurs hospitalo-universitaires. Pour lui, cet avant-projet de loi «comporte du bon, du moins bon et de nombreuses interrogations, bien que nous soyons convaincus que ce n'est pas la loi sanitaire qui réglera tous les problèmes du secteur. Mais ce projet est maintenant là, nous tenterons d'apporter notre contribution». Le point positif, selon le Pr Djidjli, que comporte cette mouture est le retour à la notion de régionalisation sanitaire qui permet une meilleure organisation des soins. «Le retour à la structure du secteur sanitaire selon un bassin de population est primordial pour respecter le schéma directeur dans la hiérarchisation de l'accès aux soins, d'où l'importance des soins de base et le maintien de la pyramide dans les soins», a-t-il indiqué. Et de relever la grande faille en l'absence d'une réelle réflexion sur le financement du secteur de la santé. «Rien n'a changé dans la loi. Le système de financement est resté forfaitaire. On finance des structures et non des programmes sans aucune évaluation ni contrôle. Ce qui continue à arranger les pléthores des fonctionnaires de la sécurité sociale au détriment des cotisants et des assurés sociaux. C'est une injustice», a-t-il expliqué. Et de signaler que la vision centralisée des structures de santé reste toujours maintenue, «ce qui prive les gestionnaires d'un pouvoir de décision mais tout en leur confiant la charge de recruter les médecins spécialistes dans le cadre du service civil. Comment vont-ils procéder ?» tout en ajoutant que la médecine gratuite semble être oubliée. On ne parle plus de médecine gratuite ni des tarifications des actes. «Le texte prévoit seulement la prise en charge par l'Etat d'une certaine catégorie de citoyens souffrant de pathologies chroniques, démunis. Que vont devenir les autres citoyens aux pathologies diverses ?», s'interroge-t-il. Quant à l'activité complémentaire, point de discorde entre le Snechu et le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), le Pr Djidjli, signale qu'aucun consensus n'a été dégagé lors des conclusions des ateliers des assises à propos de ce point. Certains étaient pour l'abrogation et d'autres pour la révision, se félicitant de l'abrogation de l'activité complémentaire (exercée une fois par semaine par les professionnels de la santé, à l'exception des chefs de service) et le maintien de l'activité lucrative permise les week-ends et les jours fériés. Mais, l'introduction de l'activité complémentaire pour tous les professionnels au sein des structures de santé «ne pourra jamais être appliquée dans l'état actuel sur le terrain. Nous pensons qu'il faut être extrêmement prudent», conclut le Pr Djidjli.