Les habitants du village de Kantra El Hamra (ex-VRA El Melha) à 10 km à l'ouest d'El Kala, ont bloqué la circulation dans la matinée d'hier sur le CW 109. Le motif : pas une goutte d'eau depuis près de 20 jours. La raison : la canalisation de 4,5 km qui alimente la localité depuis le forage de Bou Malek est en très mauvais état. Un problème récurrent et qui surgit régulièrement chaque année mais dont on se soucie peu en dehors des campagnes électorales. Des responsables sur place nous précisent que la réfection de cette conduite exige un financement sectoriel, ce qui n'est pas dans les prérogatives de l'APC montrée du doigt et décriée par la population qui a dressé une barricade avec des rondins de bois. « Mais c'est à l'APC d'en faire la demande », rétorquent ceux qui se sentent visés par la manœuvre dilatoire de l'APC. Surgit alors un protestataire qui explique à tous qu'ils sont loin de la véritable raison de la pénurie d'eau car la canalisation, percée de toutes parts parce qu'en PVC, n'apporte plus d'eau qu'à partir du moment où les agriculteurs commencent à irriguer leurs parcelles d'arachides qui se trouvent de part et d'autre de la conduite d'adduction. En fait, la pénurie d'eau est due à ces deux raisons : l'irrigation illicite et le mauvais état des tuyaux. Depuis 20 jours donc, on voit défiler sur le bord de la route des groupes de femmes et d'enfants qui vont puiser l'eau potable dans une fuite de la grosse conduite qui alimente El Kala. Par mesure de sécurité, on a fermé cette vanne. Il n'en fallait pas plus pour déclencher la colère de Kantra El Hamra approvisionnée autrement que par des camions-citernes qui livrent une eau colorée et au goût douteux. Un peu plus loin, sur la route de cap Rosa, c'est le douar de Souk Reguibat, qui souffre de la soif depuis plus de 15 ans. Les gens prennent l'eau où ils la trouvent, dans les oueds essentiellement qui sont restés relativement plus propres qu'ailleurs. Souk Reguibat, qui flotte sur une nappe d'eau pure, a deux forages. Le premier n'a fonctionné que quelques semaines. On a dit que c'était un défaut de réalisation. Alors on en a fait un second juste à côté qui, lui aussi, n'a fonctionné que quelques semaines après son inauguration en grandes pompes par le ministre des Ressources hydrauliques. Un défaut de la pompe et une conduite en mauvais état. L'APC, qui a bénéficié d'un financement pour remédier à cela, doit lancer les travaux prochainement, selon l'un de ses responsables. Le retard est à mettre sur le compte de deux appels d'offres restés infructueux. A Aïn Khiar, Guergour, mais aussi dans une partie du chef-lieu d'El Tarf, à Dréan et encore à Ben M'hidi, à Chatt, à Cheffia, à Zitouna, les populations se plaignent du manque d'eau. Et pourtant El Tarf ne jure, pour son image de marque, que par ses zones humides et ses plaines inondées rendues responsables, à tort d'ailleurs, des faibles performances de son agriculture.