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La douloureuse reconstitution de la mémoire
Avant-prèmiere de L'oranais de Lyes Salem à Alger
Publié dans El Watan le 08 - 09 - 2014

L'Oranais, de Lyes Salem, tente de questionner l'histoire contemporaine de l'Algérie. Les interrogations sont lourdes… et actuelles.
Lyes Salem change de registre. Après Mascarades en 2088, une comédie sociale, le jeune metteur en scène algéro-français, comme il se présente, revient avec L'Oranais, une fresque cinématographique sur l'Algérie de l'après-l'indépendance. L'Oranais, projeté, samedi soir, en avant-première à la salle El Mougar à Alger, porte tous les signes d'un film d'interrogations sur ce qui n'a pas été fait après la fin de l'occupation française de l'Algérie et sur les ratages des premières années de reconquête de souveraineté.
Djaffar ou El Wahrani (Lyes Salem), Hamid (Khaled Benaïssa), Farid (Nadjib Oudghiri) et Saïd (Djamel Barek) sont des amis. Ils s'engagent, chacun à sa manière, dans la guerre de Libération nationale dans les années cinquante. La mort accidentel de Kotias, un garde-champêtre, complique la situation pour Djaffar. Son épouse Yasmine en fera les frais. Le fils de Kotias se vengera de Djaffar en violant Yasmine. La joie de la libération obtenue, Hamid devient un grand diplomate. Djaffar, qui gère une usine de menuiserie, est dirigeant au sein du FLN-parti unique.
Il rêve de la construction de l'Etat et de l'économie, alors que Farid est agacé par l'enrichissement indécent de Hamid qui est marié à une française. «Lui et son épouse gèrent douze hammams !» proteste Farid devant Djaffar. Ce dernier doit gérer également une situation «interne» avec Bachir, le fils né du viol de Yasmine, en quête douloureuse de son identité. Le teint européen du garçon complique sa vie et celle de son père. Comment faire pour que l'enfant ne sache rien et comment faire pour que tout le monde se taise ? La guerre de Libération, comme toutes les révolutions, charrie des secrets, des mensonges, des non-dits et des zones d'ombre.
L'identité est explorée sous plusieurs formes par Lyes Salem à travers, par exemple, ce petit débat lors d'un pique-nique en forêt sur l'origine des Algériens : Arabes, Berbères, Africains, Maghrébins. La musique est sollicitée pour évoquer l'identité à travers les chants d'Amizgh Kateb, Abdelhalim Hafez, le raï, Younès Migri… «Nous aurions pu changer le monde», avoue Djaffar à Hamid, malade. La révolution de Novembre est-elle un rêve brisé ? Un projet inachevé ? Un serment trahi ? Un fleuve détourné ? Le film, inévitablement politique de Lyes Salem, pose autant de questions sans oser de réponses.
Un film intérieur
Le jeune metteur en scène tente de reconstituer une mémoire dans un long métrage sur l'après- indépendance. L'histoire retiendra que l'armée des frontières, entrée à Alger, a tiré sur les Algériens pour conquérir le pouvoir. Et ce n'est là qu'un fait. La joie sanglante de l'été 1962 est toujours présente avec ses fantômes. «C'est une période dans laquelle est diffusée une mémoire qui me manque. J'avais donc envie d'explorer et d'interroger cette mémoire. C'est le rôle de notre génération de s'accaparer cette mémoire. Je veux voir ma mémoire telle qu'elle est, belle ou pas. J'en ai besoin en tant qu'homme», a confié le cinéaste, lors du débat avec la presse.
La mauvaise relation qui s'est établie entre les amis n'est qu'une métaphore sur les déchirements post-indépendance entre les dirigeants du mouvement national. L'usage abusif du français dans les dialogues du film a quelque peu alourdi la narration, puisque Hamid, Djaffar, Saïd et Farid sont supposés être d'anciens maquisards algériens qui vivent dans la région d'Oran. Pourquoi s'expriment-ils donc en français tout le temps ? «Je ne sais pas pourquoi Djaffar et Hamid se mettent à parler français, mais je veux savoir. La langue est un thème vaste en Algérie. Il y a plusieurs langues qui se côtoient. C'est une richesse. C'est aussi lié à l'identité. Mon père, qui est natif d'une Belcourtoise algérianophone, s'est mis à un moment donné à parler français dans son entourage professionnel.
Je me suis toujours posé la question : pourquoi ?», a soutenu Lyes Salem. L'arabisation forcée dans les années 1970 est évoquée dans L'Oranais, mais d'une manière assez contestable. Un ouvrier vient dire à Djaffar qu'il faut utiliser l'arabe classique dans les documents de travail. Le patron ridiculise l'ouvrier et se moque de la langue arabe. Autant parler d'une scène inutile. Lyes Salem fait un clin d'œil au théâtre à travers une représentation de la guerre de Libération. Une belle scène mais qui traîne en longueur. L'Oranais est un film très intérieur.
La plupart des scènes sont tournées dans des endroits fermés comme les restaurants, les bars ou les appartements. Il y a visiblement une volonté de suggérer le caractère intime de la narration dramatique, d'où l'absence de «l'univers» extérieur de l'Algérie des années 1960 et 1970. Tourner en extérieur en Algérie reste un véritable casse-tête. Les décors conçus par Nicolas de Boiscuillé ont bien restitué l'époque. Autant que les costumes de Carole Chollet. Les producteurs ont retapé certains lieux à Oran pour les besoins du tournage. La force de L'Oranais réside dans la bonne direction des acteurs, la lumière gorgée de poésie, la parfaite bande son (le film a la particularité d'être très sonore) et, bien entendu, la mise en scène impeccable de Lyes Salem. Le cinéaste n'a rien laissé échapper de son scénario durant les 120 minutes du film raconté comme une fresque dramatique bâtie sur les rapports humains évoluant dans la grande histoire.
L'Oranais n'est pas un film historique, mais il raconte l'histoire à sa manière, sans forcer le trait et sans sauter dans les archives. Il restitue trente ans de rapports entre amis. L'histoire prend fin presque à l'approche d'Octobre 1988, qui fut un tournant dans l'Algérie contemporaine. Produit par Laith Media, Dharamsala et l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), L'Oranais sortira dans les salles à partir de la fin septembre 2014.


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