Sa vie a basculé en avril 2012, lors de la présidentielle. La première chaîne de télévision le présente comme un des organisateurs des attentats de Marrakech. Il est expulsé illico vers l'Algérie. Petit détail : Ali Belhadad est innocent. Expulsé de France et présenté à tort comme un terroriste, Ali Belhadad, un Algérien de 47 ans, a raconté, mardi dernier, sa mésaventure aux juges du tribunal correctionnel de Paris devant lequel il poursuit TF1 en diffamation. Emu aux larmes en revoyant les images diffusées pendant le journal de 20h du 2 avril 2012, peu après l'affaire Merah, Ali Belhadad est revenu sur le «traumatisme» de ce jour où il a été interpellé par les policiers et sur les «deux années de séparation» avec sa femme française et ses deux filles qui, faute d'argent, n'ont pu lui rendre visite en Algérie. Son expulsion avait été décidée en «urgence absolue» par le ministère de l'Intérieur, alors dirigé par Claude Guéant, se fondant sur une «note blanche» des renseignements faisant état de ses relations avec des vétérans de camps d'Al Qaîda en Afghanistan et au Pakistan. Cet Algérien, vivant en France depuis 20 ans avec un titre de séjour valable jusqu'en 2019, avait été présenté à la télévision, notamment sur la foi d'un communiqué de la place Beauvau, comme ayant été condamné pour son rôle dans les attentats de Marrakech de 1994 (où deux touristes espagnols avaient été tués), ce qui est faux. Ali Belhadad a pu revenir en France le 7 mai dernier. Le 12 février, le tribunal administratif de Paris avait jugé que l'Intérieur n'avait présenté aucun «soupçon sérieusement justifié» contre lui et que son arrêté d'expulsion était entaché d'«excès de pouvoir». «TF1 n'a pris aucune espèce de distance à l'égard du communiqué du ministère, pris tel quel, sans vérifier quoi que ce soit. La chaîne n'est pas le Journal officiel et n'a aucune espèce d'obligation de diffuser le communiqué», a-t-il dénoncé. De plus, elle «n'a pas dit un mot» de l'annulation de l'expulsion. La présentatrice Laurence Ferrari avait introduit le sujet en soulignant qu'Ali Belhadad et d'autres hommes expulsés avec lui étaient «soupçonnés» par le ministère, a souligné l'avocat de la chaîne, Me Benoît Pillot. Et compte tenu de l'urgence, le journaliste «a été le plus loin possible dans son enquête». Le procureur est allé dans son sens. Le tribunal rendra son jugement le 17 octobre. Le directeur de cabinet de M. Guéant de l'époque, qui avait reconnu la responsabilité du communiqué, doit, quant à lui, être jugé le 20 mars 2015 pour diffamation.