La Foire européenne 2014 de Strasbourg bat son plein jusqu'au 15 septembre, avec l'Algérie au cœur en tant que pays invité. Mme Houria Yousfi, consule générale d'Algérie à Strasbourg, a bien voulu nous dire comment cet événement a été préparé et les implications qu'on peut en attendre. -Strasbourg est une des villes françaises où les relations d'amitié avec l'Algérie sont établies. A quoi tient l'excellence de ces rapports que l'histoire a validés à de multiples reprises, jusqu'à très récemment, et encore aujourd'hui avec cette Foire européenne où l'Algérie est l'hôte d'honneur ? L'Alsace et l'Algérie se connaissent et s'apprécient depuis bien longtemps. La beauté, la nature chaleureuse et hospitalière de notre pays sont connues de nombreux Alsaciens. Par ailleurs, il y a en Alsace une forte communauté algérienne, dont l'origine de l'installation est directement liée à l'ancienneté des rapports entretenus avec les Alsaciens installés en Algérie. Un petit rappel historique permettra de mieux comprendre la réalité de la situation. Le 10 mai 1871, la France et l'Allemagne signent le Traité de Francfort, mettant fin à la guerre de 1870. Le nouvel empire allemand annexe les quatre départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin, de la Moselle, d'une partie de la Meurthe (Château-Salins et Sarrebourg) et de deux cantons des Vosges (Saales et Schirmeck). Obligés de choisir entre la nationalité française ou allemande, beaucoup d'Alsaciens se sont vu obligés de s'exiler… en Algérie. En Alsace, on vous dira même que ces Alsaciens ont trouvé asile en Algérie. J'ai reçu récemment le sympathique témoignage documenté, d'un résidant du quartier de la Robertsau à Strasbourg, relatif à l'histoire de l'installation d'Alsaciens dans la région de Constantine et celle d'Alger. Ce n'est pas qu'une anecdote, c'est la preuve d'une page d'histoire commune entre deux peuples qui, malgré tout, ont tissé et développé des relations qui assurent aujourd'hui un pont d'amitié et un flux d'échanges économiques et commerciaux de part et d'autre de la Méditerranée. En outre, comment ne pas évoquer le lourd tribut payé par les Tirailleurs algériens pour la libération de Strasbourg et de l'Alsace, durant la Seconde Guerre mondiale. Il suffit de parcourir les cimetières militaires en Alsace, pour y découvrir l'ampleur de leur sacrifice et de leur bravoure. Les Alsaciens s'en souviennent. C'est probablement là, qu'il faut chercher les raisons de la qualité des rapports entretenus entre cette région et l'Algérie. Le slogan «Algérie, pays invité d'honneur et invité du cœur» reflète la dimension humaine, sentimentale et, il faut le souligner, passionnelle, qui caractérise la relation combien riche et forte entre nos deux pays. -Plusieurs acteurs nationaux des mondes économique, touristique et culturel algériens participent. Dans quel objectif et quel a été le rôle des instances consulaires pour fédérer ces énergies ? Pour assurer le succès de notre participation à la Foire européenne, un comité interministériel, regroupant les ministères du Commerce, du Tourisme, de l'Artisanat, de la Culture, l'ARC et les Affaires étrangères, a été spécialement créé pour cette 82e édition. Son objectif : promouvoir tous les atouts de l'Algérie. Son rôle : veiller à la qualité des exposants et s'assurer de la richesse et de la diversité de l'offre. Pour sa part, le consulat général s'est fortement mobilisé et impliqué dans ce projet. La Foire européenne de Strasbourg est l'événement annuel économique et commercial le plus attendu et le plus visité de la grande région du nord-est de la France et, au-delà, du Bade Wurtemberg (Allemagne).Le consulat général a fédéré toute la sympathie dont jouissent l'Algérie et tous les amis de l'Algérie en Alsace autour de ce projet, quand s'est dessinée la perspective de faire de notre pays l'invité d'honneur de la foire. Les décideurs et les responsables locaux ont été enthousiasmés. -Au-delà de la promotion de l'Algérie, quelles sont les retombées espérées de cet événement économique et touristique ? Nous avons opté pour une mixité dans le choix des exposants, une partie venant directement d'Algérie et une partie établie ici en Alsace. Le «Club d'amitié d'Alsace-Algérie», créé en 2013, sera aussi présent pour appuyer les liens forts existant entre les deux pays. En marge de la foire, une journée économique «Algérie» se tiendra à Strasbourg, réunissant la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) d'Alsace, de nombreux opérateurs économiques alsaciens et autant d'opérateurs économiques et chefs d'entreprises algériens. Toutes ces actions, j'en suis convaincue, offriront de réelles potentialités afin de développer les échanges économiques algéro-alsaciens, notamment au profit de nos entreprises qui auront ainsi l'opportunité de se faire connaître et de trouver des débouchés nouveaux. Bien évidemment, la participation de l'Algérie à la Foire européenne est une vitrine qui permettra de mettre aussi en valeur nos potentialités touristiques et je l'espère des perspectives commerciales intéressantes.