La majore pétrolière italienne est de nouveau dans la tourmente. Impliquée dans un scandale de corruption lié à l'obtention de marchés en Algérie, Eni est de nouveau au cœur d'une enquête pour des faits similaires dans un autre pays pétrolier du continent noir : le Nigeria. En effet, jeudi, l'agence Reuters annonçait que l'administrateur délégué de la firme italienne, Claudio Descalzi, serait sous le coup d'une enquête du parquet de Milan pour «corruption présumée liée à l'acquisition d'un important gisement de pétrole au Nigeria». Un nouveau coup dur pour la firme italienne qui subit les foudres de la justice italienne dans le cadre de l'opération mains propres lancée par la coalition au pouvoir en Italie, laquelle a appelé les groupes publics à introduire des règles éthiques dans leurs statuts pour se débarrasser des dirigeants accusés de délits financiers. Claudio Descalzi, qui a succédé à Paolo Scaroni au mois de mai dernier, devait redorer le blason de la compagnie mise à mal par l'enquête pour corruption pour l'obtention de marchés en Algérie et qui avait été enclenchée par le parquet de Milan en avril 2011. Le scandale, qui avait commencé par toucher la société de travaux et de services pétroliers Saipem, filiale d'Eni, a fini par achever le top management de la firme italienne. Impliqué lui aussi dans le scandale aux côtés de nombreux cadres de l'entreprise, Paolo Scaroni a fini par être évincé au mois de mai. C'est donc un nouveau retour de flamme pour le pétrolier italien. En effet, les agences de presse ont relayé jeudi l'information publiée par le quotidien Corriere della Sera, selon lequel le parquet de Milan aurait ouvert une enquête «concernant l'acquisition en 2011 par Eni et Shell du gisement pétrolier OPL-245 au Nigeria pour 1,09 milliard de dollars». Enquête qui touche, selon Reuters, non seulement l'ancien patron de la firme publique, Paolo Scaroni, mais qui a été élargie pour y inclure le nouvel administrateur délégué, Claudio Descalzi, qui était à l'époque responsable de la prospection et de la production chez Eni. De son côté la firme italienne a confirmé, via un communiqué de presse, l'ouverture d'une enquête en précisant que le directeur des opérations et de la technologie, Roberto Casula, faisait également l'objet d'une enquête. Celle-ci a aussi, et comme à chaque fois, précisé qu'elle «coopère avec le parquet de Milan et est convaincue que la rectitude de ses actes émergera au cours de l'enquête», d'autant qu'elle réaffirme «n'avoir conclu d'accords qu'avec Shell et le gouvernement du Nigeria». Rappelons qu'ENI, ainsi que sa filiale Saipem, sont sous le coup d'investigations lancées par le parquet de Milan pour des accusations portant sur le versement de pots-de-vin d'un montant de 268 millions de dollars pour l'obtention de contrats d'une valeur de 11 milliards de dollars. Le scandale qui s'en est suivi a ébranlé de nombreux cadres de la firme italienne et a touché en Algérie le neveu de l'ancien ministre des AE, Farid Bedjaoui, ainsi que l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil. Depuis, la firme a tenté de faire table rase de ces affaires et de relancer le partenariat avec Sonatrach. Chose qui a d'ailleurs fait l'objet d'une récente visite de l'administrateur délégué, lequel a fait le déplacement à Alger au mois de juin dernier. Quelques jours auparavant, l'agence de valorisation des hydrocarbures, Alnaft, avait validé trois permis d'exploration que la firme doit développer en partenariat avec Sonatrach dans les bassins de Mya et de Timimoune.