Quand l'ennemi n'existe pas, il faut l'inventer. Le gouvernement israélien applique à la lettre cette loi guerrière qui recommande que lorsqu'un pays veut envahir un autre, il est souhaitable de commencer d'abord par diaboliser son adversaire, créer la menace. C'est ce à quoi s'est attelée à faire la formidable machine de propagande israélienne depuis le déclenchement de la guerre contre le Liban. Pour justifier et légitimer la destruction de ce petit Etat sans défense, Tel-Aviv a trouvé le coupable idéal, le Hezbollah. Aussitôt les premières bombes lâchées sur Beyrouth, les services psychologiques de l'armée israélienne sont entrés en jeu et ont actionné leurs relais médiatiques à travers le monde pour présenter ce mouvement de résistance comme un groupe terroriste représentant une menace pour sa sécurité et celle de la région. Ainsi, la presse occidentale participe depuis une semaine à un matraquage qui consiste à faire admettre au monde que le Hezbollah dispose d'une extraordinaire puissance de feu qui lui permet d'atteindre n'importe quelle ville israélienne. Pour noircir le tableau et enlaidir le Hezbollah, l'on rappelle à chaque minute que le mouvement dispose entre 12 000 et 15 000 roquettes Katioucha. Roquettes transformées pour la circonstance en missiles. Pour entretenir la mystification et l'idée d'un danger permanent, le gouvernement israélien souligne aussi que la direction du Hezbollah s'est beaucoup équipé ces dernières années. Ce qui laisse entendre que le mouvement pourrait avoir des armes plus sophistiquées. Ce discours ferait presque oublier qu'Israël est une puissance nucléaire qui n'a pas de rivale dans la région. Puissance qui par ailleurs est alliée des Etats-Unis. La mécanique propagandiste israélienne est tellement bien huilée qu'on est tenté de croire que le Hezbollah est capable d'entrer dans Tel-Aviv et de planter son drapeau sur le bureau d'Ehud Olmert. Ce qui est bien entendu inconcevable dans la mesure où le Hezbollah est un mouvement de résistance né pour défendre et non pour attaquer. De par ses moyens limités (roquettes et mitrailleuses), il est beaucoup plus à rapprocher d'un groupe de guérilleros que d'une armée régulière. Aux dernières nouvelles, ce mouvement aurait quand même réussi à acquérir un char datant de la Seconde Guerre mondiale ! A bien réfléchir, le scénario n'est pas sans rappeler celui mis en place par l'armée américaine pour envahir l'Irak. L'on s'en souvient, les Etats-Unis , pour légitimer l'invasion de l'Irak, ont dû mentir et inventer l'existence d'armes de destruction massive que Saddam Hussein n'avait pas. Tout le monde connaît le reste de l'épisode. Depuis, l'Irak est plongé dans un conflit sans fin qui occasionne tous les jours des dizaines de morts. Avant de parler de l'arme de destruction massive du régime de Saddam, Washington s'était aussi évertué à présenter l'armée irakienne comme l'une des plus puissantes au monde. Le mensonge - fait pour mieux raser les villes irakiennes et justifier l'intensité des bombardements lors de la première et de la deuxième guerre du Golfe - était tellement gros et tellement bien conçu que même les opinions arabes ont fini par y croire. Preuve en est, les Arabes étaient persuadés qu'à un moment ou à un autre, Saddam Hussein finirait par sortir une sorte d'arme absolue qui lui permettrait de vaincre la plus puissante armée du monde. Ils y ont cru même lorsqu'il n'y avait plus un bâtiment qui tenait debout dans Baghdad. Le rêve ne s'est brisé que lorsque la rue arabe a vu, en live, Saddam Hussein tenu en respect par un marines américain. Ce scénario - qui a fait ses preuves - est en train de se répéter au Liban, sur le dos du Hezbollah. Sinon, comment Israël pourrait-il légitimer la destruction de tout un pays et l'assassinat de centaines de civils ?