Les lobbies pro-israéliens et proaméricains exercent ces jours-ci un véritable terrorisme intellectuel sur tous ceux qui osent exprimer une opinion différente de la leur. Des sites obscurs, car personne ne sait qui se trouve derrière leur conception, désignent comme antisémites, ennemis des Israéliens, sympathisants des intégristes et même agents du terrorisme islamiste tous ceux qui ont l'audace d'exprimer la moindre solidarité avec les civils palestiniens et libanais. Allez soutenir sur un plateau de télévision que vous considérez les bombardements israéliens sur le Liban comme une « attaque trop dure et injustifiée » et vous vous ferez lyncher par les « bien-pensants » de droite, des radicaux, des socialistes et même des intellectuels de gauche. Les politiciens, de tout bord, en deviennent ridicules et perdent toute crédibilité à force de dénaturer des concepts universels comme « agression », « victimes civiles », « destruction d'infrastructures », « violation du droit international ». Au fait, les défenseurs à outrance du gouvernement d'Ehud Olmert ont inventé un vocabulaire restreint dont ils sont les seuls à se servir. « Légitime défense », « sauver Israël des menaces arabes ». Seuls quelques irréductibles communistes, malmenés par les médias italiens, dans la majorité, excepté les journaux d'extrême gauche, accordent peu d'espace aux souffrances des Libanais et des Palestiniens et consacrent tous les jours de longs éditoriaux pour vouer aux gémonies ceux dont le tort est celui d'avoir proféré cet euphémisme « riposte disproportionnée » en parlant des bombardements israéliens contre le Liban, comme le ministre des Affaires étrangères Massimo D'Alema. Heureusement, dans ce climat de véritable intimidation mentale et de chasse aux « pro-arabes », plusieurs intellectuels et certains hommes politiques, comme l'ancien président du Conseil italien et sénateur Giulio Andreotti, ne renoncent pas à leur droit à s'exprimer librement. Andreotti a soulevé une vive polémique pour avoir déclaré hier au Sénat : « Je crois que chacun de nous, s'il était né dans un camp de concentration, où il vit depuis cinquante ans et qu'il n'a aucune perspective pour pouvoir offrir à ses propres enfants un avenir deviendra terroriste. » Critiques acerbes lui sont venues de ses collègues alors que le président de la communauté juive d'Italie l'a accusé de « justifier le terrorisme ». Au lendemain de l'attaque israélienne contre le Liban, plusieurs personnalités politiques italiennes, dont l'ancien ministre des Affaires étrangères Gianfranco Fini et l'actuel vice-président du Conseil italien Francesco Rutelli et le maire de Rome Walter Veltroni, ont choisi de participer à la veillée de « solidarité avec Israël » organisée devant la synagogue de Rome, alors qu'à la manifestation de condamnation des raids israéliens, seuls quelques députés communistes ont marché auprès des Libanais, des Palestiniens et des Arabes vivant à Rome.