Confrontés à un moment donné, en 2002 plus précisément, à un véritable dilemme : irriguer avec les eaux usées ou laisser les vergers dépérir, les fellahs ont opté à cette époque pour la première alternative, qu'ils considèrent comme salutaire à leur survie. Depuis cette date, rien n'a été fait pour remédier à cette situation, laquelle n'a de cesse de se dégrader jusqu'à devenir une menace réelle de contamination de population de Bou Saâda par différentes maladies. Toute la palmeraie, soit 300 ha, nous dira Chérif Kamel, vice-président de l'Association de la protection de l'environnement naturel et urbain (Apenu), est irriguée par les eaux usés. Et d'ajouter : « Cette situation est rendue préoccupante par le fait que les produits maraîchers, irrigués par les eaux usées, se trouvent introduits dans d'autres lieux et consommés par des citoyens d'autres régions. » On a appris qu'une quantité importante de produits maraîchers, notamment la salade avec ses deux variétés la laitue et la frisée, les piments, l'oignon et le persil, irrigués par les eaux noirâtres et nauséabondes, continuent à être écoulés sur les étals de la ville de Bou Saâda. « C'est un véritable problème de santé publique qui se pose avec acuité », a soutenu Chérif Kamel, par le fait que la population de Bou Saâda est sous une menace réelle de contamination par les maladies bactériennes (choléra, typhoïde), les maladies virales et parasitaires. Pour pallier cette situation qui réside dans la délocalisation du collecteur principal de l'oued, l'ex-wali avait déclaré : « Ce projet est programmé pour 2003, et constitue la priorité de la wilaya pour mettre un terme à ce problème épineux. Cet ex-wali, qui est actuellement à Guelma, n'a rien entrepris en 2003, et la situation est inchangée depuis 2002. » Face à la politique démissionnaire des autorités de la wilaya devant un problème qui menace la vie des citoyens, l'association Apenu n'a eu qu'au ministère des Ressources en eau à travers une correspondance du 19 août 2004, dans laquelle il a été mis en relief la grave situation de pollution de l'oued par les eaux usées, l'irrigation par ces mêmes eaux usées et les maladies à transmission hydrique qui menacent la population locale. Dans sa réponse du 27 septembre 2004, le ministère des Ressources en eau s'était engagé à proposer une fiche technique d'inscription d'une opération avoisinant les 800 millions de dinars dans le cadre du programme neuf 2005. L'étude du projet, lit-on dans cette lettre, est achevée, dont la consistance est le recalibrage de l'oued Bou Saâda, la protection et le prolongement des trois principaux collecteurs d'assainissement vers la future station d'épuration, ainsi que la répartition des eaux de crue en aval sur l'Oued Maiter et Oued Bou Saâda. Depuis l'engagement du département ministériel de Abdelmalek Sellal datant de septembre 2004, rien n'est venu annoncer le lancement des travaux ou quelque chose du genre. Mais à en croire Chérif Kamel, les travaux seraient lancés incessamment sans préciser de date. Cependant, a-t-il ajouté : « Il y a urgence à lancer ces travaux, et que cette situation est semblable à l'avènement d'une catastrophe naturelle où il faudrait parer au plus pressé, surtout quand il y va de la santé des citoyens, voire de leur vie ». Signalons, par ailleurs, que le volume des eaux usées, qui coulent dans l'oued et irriguent les vergers de la rive droite et de la rive gauche, est devenu plus important depuis que les habitants du quartier de Sidi Slimane se sont branchés au déversoir des eaux pluviales qui traverse le quartier dans sa longueur et non au réseau d'assainissement. Outre cela, les eaux usées débordent des tampons de regard qui longent le chemin touristique et échouent dans l'oued par divers chemins. La situation est dramatique, il y a urgence pour y remédier.