Le marché à bestiaux d'El Khroub a été fermé cette année sur décision des pouvoirs publics pour des raisons préventives. La fièvre aphteuse influe-t-elle vraiment sur le prix du mouton ? Vraisemblablement non ! La «fièvre acheteuse» a la peau dure et rien ne semble en mesure d'inverser la tendance ni les réflexes pavloviens des Constantinois, lesquels ne semblent pas prêts à faire l'impasse sur le sacrifice du mouton. Ainsi, le risque de contamination du cheptel ovin avancé par les spécialistes n'est pas du tout au cœur des sujets de discussion et ne préoccupe pas outre mesure les pères de famille, plutôt pressés de dénicher la bête parfaite. Et même si le marché d'El Khroub est fermé cette année sur décision des pouvoirs publics pour des raisons préventives – le premier cas de fièvre aphteuse à Constantine y a été décelé – il n'en demeure pas moins que les sources de substitution pour dénicher le mouton de l'Aïd ne manquent guère. En effet, bien qu'il soit considéré comme le plus important marché aux bestiaux de Constantine, les autorités ont néanmoins retenu trois points de vente officiels des ovins en perspective de l'Aïd, où chaque bête sera contrôlée par des vétérinaires. Cela étant, l'épidémie de fièvre aphteuse ne dissuade pas les citoyens désirant sacrifier un mouton de l'acquérir à la source, auprès des habituels éleveurs de la région. Et à ce titre justement, à 50 km du chef-lieu de la wilaya, les maquignons se sont multipliés du côté de la commune de Aïn Abid, où ils excellent dans l'art de vendre les ovins. Un pedigree «haut de gamme» est ainsi proposé aux acheteurs potentiels et, bien évidemment, la race d'Ouled Djellal est la plus avancée pour encenser la qualité de l'alimentation de l'agneau ou du bélier cédé. En fait, les maquignons mettent en œuvre toute une mise en scène pour allécher le citoyen, convaincu d'avoir fait une bonne affaire sur le plan financier. Mais au final, le vendeur ou le revendeur engrangera de gros bénéfices. Entre 30 000 et 60 000 DA, le maquignon est d'ores et déjà certain que ses bêtes trouveront preneur car ni la fièvre aphteuse ni les difficultés financières rencontrées par de nombreux ménages ne sauront altérer ce désir obsessionnel, des petites bourses surtout, d'acheter un mouton pour l'Aïd, quitte à emprunter et à s'endetter davantage. En somme, l'Aïd El Adha version 2014 ne diffère guère des éditions précédentes. Le mouton est cher, mais on finit toujours par l'acheter… fièvre aphteuse ou pas !