Pour ce bélier 58 000 DA offerts et 30 000 DA pour cet agneau de six mois, qui dit mieux ?», lance un maquignon, tenant son cheptel, composé d'une dizaine d'ovins, au bout d'une corde. Samedi, c'est jour de marché dans la commune d'Amizour, à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Béjaïa. Le souk est enfin ouvert, après plus de deux mois de fermeture à cause de la l'apparition de la fièvre aphteuse, une maladie virale qui touche le bovin, l'ovin et le caprin, dont le premier cas de contamination dans la wilaya de Béjaïa a été signalé le 28 juillet dernier à Sidi Aïch. A quelques semaines de l'Aïd El Adha, les maquignons retrouvent les neuf marchés de la wilaya. Une aubaine pour eux qui vont pouvoir vendre leurs bêtes. Mais le spectre de l'épizootie de cet été rôde toujours dans les esprits des clients. «Je ne sais pas ce qu'ils appellent ‘‘ouverture des marchés sous contrôle vétérinaire'', mais en tout cas, je n'ai rencontré aucun vétérinaire à l'entrée du marché», dit un éleveur qui gère une petite unité d'élevage dans une zone montagneuse qu'il croit immunisée. «Nos moutons sont en bonne santé», se défendent les éleveurs. Pour l'un d'eux, «le virus n'a pas touché le cheptel ovin, la maladie concerne uniquement le bovin. Et ces prix que les clients jugent très élevés ne sont pas le résultat du manque de produit ni une pression quelconque sur les marchés aux bestiaux». Pour étayer ces propos, le maquignon explique que «le facteur principal de la hausse des prix est la cherté de l'aliment. Sinon, je trouve que les coûts n'ont pas vraiment évolué par rapport à l'an dernier, à la même période». Pas très convaincu, un client qui venait d'acheter son mouton a estimé que «les pertes dues à la maladie des bêtes et l'Aïd qui approche sont deux prétextes pour maintenir la barre des prix très haute. Certains vous diront qu'ils ont perdu des moutons à cause de la maladie, bien qu'ils aient été indemnisés». Aussi, la polémique est lancée. A ce propos, l'inspection vétérinaire de la wilaya de Béjaïa a recensé 87 éleveurs concernés par l'indemnisation, représentant 188 exploitations. Il est vrai aussi que le cheptel ovin a été moins touché. Le même service a enregistré 876 bêtes atteintes du virus aphteux dont 43 ovins qui ont été tous abattus. Néanmoins, l'inspecteur vétérinaire de Béjaïa estime que l'alerte doit être maintenue, sachant que la négligence des mesures prises en perspective de l'ouverture des marchés aux bestiaux peut repartir. A cet effet, il a été décidé d'interdire l'installation d'enclos dans les quartiers ou autres lieux outre les neuf marchés à bestiaux dont dispose la wilaya qui sont sous le contrôle des services vétérinaires et des APC. Autre mesure, la vaccination des animaux, qui se poursuivra, a touché plus de 48 000 têtes entre ovins et bovins. Toutefois, certaines consignes ne sont pas respectées sur le terrain. Comme le contrôle du mouvement du cheptel à l'entrée et à la sortie du marché.