Des milliers d'hectares de terre affectés aux exploitants agricoles continuent à être détournés de leur vocation par les barons du foncier. Des bâtisses illicites qui, il va sans dire, sont érigées sur un patrimoine foncier agricole, et ce, au grand mépris de la loi 87-19 adoptée en novembre 1987, portant attribution des terres du domaine privé de l'Etat aux exploitants agricoles individuels ou collectifs. Quand bien même des opérations coups-de-poing ont été menées en février dernier par la brigade de gendarmerie. Des nababs ne perdent pas la main et résistent en foulant au pieds les dispositions de la sécurité foncière auxquelles sont sujettes les EAC et EAI. Que cela soit à Cheraga, Bouchaoui, Khraïcia, Hammamet, Dar El Beïda, Bordj El Kiffan, Rouiba, etc., les superficies destinées à l'exploitation agricole se rapetissent au profit d'une nouvelle race d'usufruitiers qui les transforment en assiettes urbanisables à usage d'habitation ou activité commerciale. Des bénéficiaires qui ne font pas de différence entre le droit de propriété (droit du sol qui appartient à l'Etat) et le droit de jouissance d'un patrimoine trouvent là l'aubaine de cultiver cet amalgame. Depuis, des distorsions sont relevées ici et là avec, faut-il le souligner, la bénédiction d'une certaine administration qui préfère fermer l'œil, sinon laisser la situation pourrir avec l'interférence de groupes occultes. Car l'enjeu est intéressant. Certaines terres abandonnées, ou « tombées » en déshérence, font l'objet de spéculation en dépit de la sécurisation foncière qui protège les EAC. Pis, certaines DSA, au lieu de s'opposer à ce type de transaction frauduleuse, vont même — selon un document —demander, copinage oblige, de rajouter sur la liste des futurs bénéficiaires certains des leurs. Piètre constat qui n'interpelle pas moins la vigilance des pouvoirs publics à intervenir efficacement, d'autant que les dispositions sur la sécurisation sont claires comme de l'eau de roche. Sauf s'il se révèle qu'elles agissent comme un cautère sur une jambe de bois.