L'évolution en dents de scie de la qualité des soirées de Timgad a touché sans doute son plus bas niveau vendredi. Le décalage de la clôture a permis aux organisateurs d'ajouter un nouveau programme placé sous le signe de l'hommage à Hadj El Hachemi Guerrouabi. Mais hélas, l'improvisation l'avait emporté en fin de course pour gâcher une initiative pourtant fort louable. L'affiche changée deux ou trois fois avant la soirée s'est arrêtée sur les noms de Nacereddine Galiz, Mohamed Lamari, Ahmed Toum, Nacereddine Houache et chab Akil. Une affiche hétéroclite ou « bouquet de roses », mais qui ne saura relever le défi et convaincre un public à majorité jeune qui a goûté au bonheur suprême durant la semaine grâce aux voix du prince Houari Dauphin et la sublimissime Assala Nasri. Ouvrant la soirée, le chanteur chaâbi Galiz, appelé à la dernière minute pour remplacer Mourad Djaâfri, a fait ce qu'il a pu en reprenant d'abord Ya b'har et toufan. Le naufrage commencera avec Lamari qui va faire du (mauvais) théâtre au lieu de chanter alors que dans les gradins, les hostilités commençaient à se faire sentir contrairement à ce que lui voulait croire. La troupe de Oued Souf, conduite par Ahmed Toum, enfoncera le clou avant que l'inconnu Nacereddine Houdache ne nous oblige à boire le calice jusqu'à la lie. Faute de spectacle, les gradins étaient devenus à ce moment incontrôlables ; un groupe d'énergumènes a su monter une partie du public, les plus jeunes, pour chanter plus haut que la sono des mots indignes du festival, du thème de la soirée et des dizaines de familles qui ont fait le déplacement. La stupidité a même fait une victime parmi les spectateurs, une jeune fille qui avait, en effet, reçu un caillou sur la tête et avait due être évacuée par les éléments de la Protection civile. Le chanteur du raï, chab Akil, pourtant connu et respecté par les jeunes amateurs du style le plus populaire en Algérie, n'a pu gagner les esprits et redresser la barre qui était tombée si bas, et a dû interrompre sa prestation face à des gradins qui se vidaient massivement. Vivement la fin de cette soirée pénible à mettre aux oubliettes d'un festival qui mérite mieux ! A demain avec l'espoir de reprendre l'ascenseur grâce à l'Egyptien Ihab Tewfik.