Belle rencontre, vendredi soir, lors de la clôture du Dimajazz 2014, entre chaâbi et flamenco pour souligner, encore une fois, que la musique n'a pas de frontière. Constantine De notre envoyé spécial Grande foule vendredi soir à Constantine pour la clôture du 12e Festival international Dimajazz. Le chapiteau, dressé à Zouaghi par le commissariat du festival au bout de beaucoup d'efforts et de sacrifices, était archicomble. Une foule venue assister aux deux derniers concerts du festival qui, exceptionnellement, a changé de date cette année : Ptit Moh et Juan Carmona, ensuite Yuri Buenaventura. Autrement dit, du chaâbi, du flamenco et de la salsa. Un plateau riche et varié pour une soirée festive qui a confirmé, encore une fois, l'audience du Dimajazz auprès du public dans une ville qui aspire à joindre la marche du monde. Ptit Moh, Mohamed Abdennour, à la mandole, a repris à sa manière des airs du chaâbi algérien accompagné du Franco-Espagnol Juan Carmona qui a exécuté des morceaux de flamenco. Une fusion, un mélange aux senteurs méditerranéennes fraîches et revigorantes. Ptit Moh a réécrit le qcid El kawi qu'a interprété Boudjemaâ El Ankis et a joué une de ses compositions, Oliva playa. Juan Carmona, en solo, a joué Taranta et Buleria qui évoquent certains souvenirs douloureux d'Andalousie. «Ma rencontre avec Ptit Moh a eu lieu à Marseille en marge, des festivités de Marseille, capitale européenne de la culture (en janvier 2013, ndlr). Nous les flamenquistes, on se sent très proches de la musique d'Algérie par les tonalités et les rythmes. Lorsqu'on m'a donné carte blanche à Marseille, j'ai tenu à ce que Ptit Moh soit avec nous. Puis nous avons décidé d'aller plus loin, de chercher les similitudes qui existent entre le flamenco et le chaâbi. Ces deux musiques sont très proches au niveau de l'harmonie, des rythmes et dans la façon de se plaindre des chanteurs. Nous arrivons donc à discuter rapidement entre nous», a expliqué Juan Carmona. Pour Ptit Moh, la musique est un langage universel : «Juan et moi parlons, chacun de son côté, notre propre langage, mais on s'entend bien. Chacun vient avec ses compositions. Nous jouons ensemble, chacun tente d'entrer dans l'esprit de l'autre et s'adapte aux mélodies.» Ptit Moh, qui accompagne le groupe Gnawa Diffusion, est également chef d'orchestre de l'ensemble El Gosto. Vendredi soir, le dialogue entre la derbouka et le cajon, entre la mandole et la guitare était intense et d'une réelle sincérité. Nous reviendrons plus en détails sur cette intéressante rencontre entre le chaâbi et le flamenco dans nos prochaines éditions. Véhiculant toute la chaleur de la Colombie, Yuri Buenaventura a eu l'honneur de clôturer le 12e Dimajazz avec un concert aux couleurs salsa. Une salsa piquante et savoureuse qui a transformé le chapiteau en une immense piste de danse. «La culture d'un pays n'est jamais une caricature. La Colombie, ce n'est pas uniquement les palmiers, les femmes en bikini, les hommes fumant le cigare et buvant du mojito. Il y a d'autres choses», a déclaré Yuri Buenaventura, conseillant au jeune public de ne pas tomber dans le cliché entretenu autour des pays du sud de la planète. Il a plaidé, entre deux chansons, pour le partage et l'échange. Le chanteur colombien n'a pas oublié le phénomène de la prise d'otages (répandu en Amérique du Sud) et la souffrance des paysans des champs de canne à sucre. La salsa de Yuri Buenaventura fait danser et invite à la réflexion en même temps.