Le monde entier – du moins dans les capitales où la menace djihadiste s'est signalée – est sur le pied de guerre. Leurs candidats au djihad en Syrie et en Irak sont listés, pistés et neutralisés avant leur funeste voyage initiatique ou à leur retour quand ils parviennent à déjouer la vigilance des services de sécurité à leur départ. Le branle-bas de combat, suscité cette semaine par le retour en France de trois djihadistes français qui ont réussi à rentrer au bercail en toute quiétude, se jouant du dispositif de la police des frontières avant de se livrer à la gendarmerie et d'être mis en examen, montre à quel point le danger djihadiste inquiète les autorités françaises. Surtout après l'événement tragique de l'assassinat dans les montagnes du Djurdjura, en Algérie, de l'alpiniste français Hervé Gourdel. L'Algérie, qui est loin du théâtre des opérations et qui n'est pas partie prenante dans la coalition militaire contre le califat de Daech, s'estimait à l'abri de la menace. Elle n'a pas évalué à sa juste mesure ce risque potentiel. Le réveil aura été aussi brutal que sanglant : c'est sous l'étendard du califat islamique que l'assassinat du touriste français a été perpétré dans les montagnes du Djurdjura. Un acte qui a fait prendre conscience aux autorités algériennes que le ver est dans le fruit. Que l'Algérie, qui présente un terreau fertile pour la propagation de cette nouvelle version revue et corrigée de l'islamisme radical, est dans les visées des concepteurs du califat islamique. Le groupe qui a signé le crime commis contre le ressortissant français ne pouvait pas se permettre le «coup d'éclat» de mener une opération aussi périlleuse et lourde dans une région censée être sous haute surveillance militaire eu égard aux groupes terroristes encore en activité dans ces massifs forestiers s'il n'avait pas bénéficié d'un réseau de soutien et d'une logistique. Ceci incline à penser que l'on a bien affaire à une organisation structurée et bien implantée dans la région et peut-être même ailleurs aussi. Il reste à évaluer le poids de cette nouvelle nébuleuse. Le groupe qui a assassiné l'alpiniste français est composé de transfuges d'AQMI qui ont prêté allégeance au «califat islamique». D'autres ralliements ne sont pas à exclure à la suite des luttes intestines que connaît cette organisation. D'un autre côté, se pose la question de savoir quel est le nombre des djihadistes algériens partis d'Algérie et qui combattent dans les rangs de l'EIIL. Sont-ils connus des services de sécurité ? Combien sont retournés en Algérie ? Et que sont-ils devenus ? Sont-ils placés sous la surveillance des autorités ? Sont-ils interpelés et auditionnés à leur retour ? Il est vrai qu'il n'existe pas en Algérie de législation qui considère le fait d'aller combattre dans un pays étranger comme un délit passible de poursuites judiciaires. La résolution contraignante votée cette semaine à l'ONU sur l'instigation des Etats-Unis confère désormais à ce phénomène un caractère de délit pénal grave. Cette mesure s'impose aux Etats membres qui sont tenus de suivre à la trace leurs djihadistes et de les neutraliser. L'Algérie ne peut pas demeurer passive et passéiste devant ce danger qui menace aussi sa sécurité intérieure.