Près de quatre mois après la gouvernance de Abelfattah Al Sissi des dizaines d'activistes et militants des droits de l'homme sont toujours détenus dans les geôles du Caire. Certains risquent la mort d'un jour à l'autre. «Malgré toutes les pressions que nous mettons sur le gouvernement d'Al Sissi rien n'a vraiment évolué. La situation des grévistes de la faim est un scandale de plus et on ne peut faire face à ce genre de chose, juste parce que l'Etat est arrogant et veut donner des leçons mémorables au peuple égyptien, déclare Bassem Rizk journaliste et militant des droits de l'homme en Egypte. Le 17 septembre dernier nous avons lancé une opération de soutien aux détenus injustement, et nous comptons refaire la même chose pour Ahmed Douma qui est, depuis hier, dans un état de santé des plus préoccupant.» La libération sous caution deux trois grévistes de la faim mi-septembre de cette année n'a pas satisfait les militants et les grévistes. «Alaa Abdelfattah a été condamné à 15 ans de prison par contumace en juin dernier. Il est la première victime de la loi antimanifestations adoptée en novembre 2013», poursuit Bassem. Un texte controversé et jugé contraire à la Constitution égyptienne. Image Les droits acquis par la «Révolution du Nil» de 2011 auraient été bafoués par cette interdiction. Plus de 100 jours sont passés sur la gouvernance très critiquée d'Al Sissi à cause des mêmes prisonniers politiques et militants des droits de l'homme détenus et toujours en grève de la faim. Parmi les autres détenus, il y a Mohamed Soltane, dont les proches ont fait savoir que son état de santé est critique et qu'il «risque une défaillance d'organe à tout moment», rapporte Amnesty International. L'activiste ne se nourrit plus depuis 240 jours. «Le cas de Mohamed Soltane prouve que le gouvernement ne veut pas faire d'effort pour ne serait-ce que donner une bonne image de leur chef, Al Sissi», affirme Alâa Inaam, sociologue et chercheur sur les révolutions en Egypte et dans le monde arabe. Criminel «Quand l'autorité d'un pays refuse de répondre aux besoins d'un citoyen, même en prison, l'accusation change de camp. C'est ce même Etat qui devient à son tour criminel. A la prison d'Al Aqrab, le détenu Mohamed Soltane, fils d'un prédicateur religieux, a été mis en détention pour punir son comportement, puisqu'il refusait de se nourrir.» L'histoire de Mohamed Soltane est assez obscure. Arrêté en août 2013 durant la répression contre les partisans pro-Morsi place Rabaa Al Adawiya, Mohamed Soltane travaillait avec un comité de médias qui dénonçait les violations des droits humains commises par les forces de sécurité contre les partisans du président déchu Mohamed Morsi. Mohamed Soltan est accusé d'avoir «financé le rassemblement de Rabaa al Adawiya» et «propagé de fausses informations» en vue de déstabiliser le pays. L'ONG Reporters sans frontières rapporte que «les violations des libertés fondamentales sont quotidiennes : arrestations, détentions arbitraires prolongées et tortures. Les journalistes sont tout particulièrement ciblés, mettant en danger la liberté d'information dans le pays». Le 25 août 2014, le photographe Ahmed Gamal Ziyadah, incarcéré depuis le 28 décembre 2013, a déclaré s'associer au vaste mouvement de grève de la faim entamée par de nombreux activistes détenus ces dernières semaines. Cible Arrêté suite à sa couverture des affrontements entre la police et des partisans des Frères musulmans à l'université d'Al Azhar, Ahmed Gamal Ziyadah est depuis en détention provisoire. Il est poursuivi pour «participation à une manifestation illégale», «agression sur agents de police» et «port d'arme». Un autre journaliste est la cible des autorités, le 1er septembre 2014, Imad Abou Zeid, 49 ans, correspondant pour le journal Ahram Gate a été condamné par la cour pénale à une peine de trois ans de prison pour appartenance aux Frères musulmans. Il faut savoir que depuis 2011 avec l'arrivée au pouvoir d'un instrument aussi intimident que le Conseil suprême des forces armées, plus de 12 000 civils ont été jugés par des tribunaux militaires. Une procédure expéditive et sévère.