La crise de la filière vini-viticole, qui va en s'aggravant, semble avoir atteint un point de non retour à l'Ouest du pays. Les présidents et gérants des coopératives viticoles (Coopévit) de Ain Témouchent, Sidi Bel Abbès, Mascara, Mostaganem et Tlemcen se sont rencontrés hier à Sidi Bel Abbès pour établir un plan d'action afin de contourner, d'après eux, le « monopole absolu » exercé par l'Office national de commercialisation des vins (ONCV) sur le marché. A moins de vingt jours du début de la campagne de vendange, les cavistes craignent ainsi une chute des prix et une mévente de certaines variétés (Cinsault et Merseguera) moins prisés par des transformateurs (publics et privés) à la recherche de cépages nobles (Grenache, Carignan) donnant des vins capitaux. L'an dernier, le même scénario s'est produit provoquant la colère des viticulteurs, en particulier ceux de Ain Témouchent. Cette année le surplus de production serait supérieur à 500 000 quintaux, est-il avancé. « L'ensemble des coopératives interpellent l'ONCV, qui est un office national agrée par l'Etat, à prendre en charge l'ensemble de la production nationale de raisin de cuve pour éviter une catastrophe généralisée que ce soit au niveau des viticulteurs ou des coopératives vini-viticole », relèvent-ils dans une déclaration remise hier à la presse, les cavistes réunies à Sidi Bel Abbès. Et de prévenir encore : « Si l'ONCV n'est pas habilitée à prendre en charge la totalité des raisins de cuve, nous demandons au président de la République d'ordonner la dissolution de l'Office et le transfert de son patrimoine vers les coopératives. » Ultimatum Dans le cas contraire, les viticulteurs s'estiment obligés de procéder à l'arrachage systématique de leurs vignes. « Si les pouvoirs publics ne règlent pas en urgence les doléances des 30 000 viticulteurs du pays, ces derniers se verront obliger de procéder à l'arrachage systématique des vignes », affirment-ils à l'unisson, en rappelant que 20% de la superficie plantée ces dernières années a déjà été arraché par les viticulteurs ruinés durant la campagne 2004/2005. D'autre part, les cavistes considèrent que l'affectation des fermes pilotes à l'ONCV a, immanquablement, crée une concurrence « déloyale » au détriment des viticulteurs n'ayant pas bénéficié de cépages nobles importés avec le soutien de l'état. Se sentant au bout du rouleau, les coopératives font-ils cependant vraiment le poids face à un organisme qui a de tout temps constitué la « caisse noire » de l'Etat ? Et, justement, pour faire face au monopole supposée ou réel de l'ONCV sont-ils assez représentatives de la profession ? Dans un marché des produits vinicoles des plus agressif, s'appuyant sur des vins d'appellation contrôlés, les coopératives de l'Ouest ont toutefois relancé hier l'idée de création d'une union nationale des coopératives viticoles. Une structure dont la mission est de se poser en interlocuteur direct des pouvoirs publics et de proposer une « alternative » pour surmonter l'actuelle crise à laquelle est confrontée la filière en attendant des jours meilleurs.