Le solde de la balance des comptes courants de l'Algérie devra être négatif pour s'établir à -3% du PIB en 2014 et à -2,9% en 2015, contre un solde positif de 0,4% en 2013. C'est en effet ce que prévoit le Fonds monétaire international (FMI) dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales, repris hier par l'APS. Ainsi, l'institution de Bretton Woods confirme tout simplement la tendance prononcée à l'épuisement des excédents financiers de l'Algérie et à l'accentuation des risques qui pèsent désormais sur ses équilibres macroéconomiques, du fait notamment de la contraction des exportations d'hydrocarbures. En ce sens, le Fonds a même révisé ses prévisions d'avril dernier, où il tablait sur des soldes de la balance des comptes courants positifs à +0,5% du PIB pour 2014 et négatif à seulement -1,3% du PIB pour 2015. Indicateur majeur de l'état des finances extérieures d'un pays par rapport au reste du monde, le compte courant intègre notamment les échanges de biens et services ainsi que les transferts de revenus. Le Fonds monétaire international, qui vient également de réviser à la baisse ses prévisions de croissance du PIB de l'Algérie, en annonçant des taux de 3,8% et 4% pour 2014 et 2015, contre 4,3% et 4,1%, pronostiqués en avril dernier, n'a pas cessé d'avertir ces quelques derniers mois contre l'aggravation des déficits de l'Algérie et les risques de chocs extérieurs qui pèsent désormais sur son économie. Dans le cadre des consultations annuelles menées récemment en Algérie au titre de l'article IV des statuts du Fonds, cette institution internationale a surtout mis en évidence, dans ses conclusions préliminaires, «l'accentuation des risques qui pèsent sur la stabilité macroéconomique de l'Algérie», au regard notamment du recul de sa production d'hydrocarbures et de sa «forte consommation intérieure». Si la politique économique actuelle est maintenue, «la position extérieure nette de l'Algérie deviendra inévitablement négative d'ici 20 à 25 ans», a lancé en ce sens le chef de la délégation du FMI, Zeine Zeidane, lors d'un point de presse tenu mercredi dernier à Alger. Selon lui, l'Algérie doit œuvrer en urgence à conforter ses investissements dans le secteur des hydrocarbures, mais aussi à accroître ses prix intérieurs des produits énergétiques et surtout améliorer le climat des affaires pour favoriser la diversification des exportations. Dans le même ordre d'idées, le Fonds n'a pas manqué de tirer également la sonnette d'alarme sur le creusement continu du déficit budgétaire, annoncé à 6% pour 2014, en raison notamment de «la diminution des recettes des hydrocarbures (...), d'une nette augmentation des dépenses en capital» et du maintien «d'un niveau élevé de dépenses courantes». Pour les experts du FMI, l'Algérie est appelée à fixer en urgence un plancher de déficit à ne pas franchir, sous peine de voir s'effondrer, à terme, l'édifice même de sa stabilité macroéconomique.