Le déficit budgétaire devrait se creuser à plus de 6% en 2014, selon le FMI. La position extérieure nette de l'Algérie deviendra négative d'ici 20 à 25 ans. Le Fonds monétaire international (FMI) appelle l'Algérie à définir un plancher de déficit budgétaire afin de rééquilibrer ses finances publiques et veiller à épargner la richesse des hydrocarbures pour les générations futures. «Il faut définir un plancher de déficits, en plus du prix de référence de 37 dollars le baril», sur lequel est basé le budget de l'Etat, a ainsi plaidé le chef de la délégation du FMI, Zeine Zeidane, à l'issue des consultations menées récemment en Algérie au titre de l'article IV des statuts du Fonds. Interrogé sur les niveaux de déficit que le FMI juge nécessaire de définir comme limite à ne pas franchir, Zeine Zeidane a expliqué que l'Algérie devrait arriver à un niveau zéro déficit en basant son budget sur un cours moyen de pétrole proche des prix réels du marché, sur une période de dix ans. En clair, le FMI préconiserait une politique budgétaire plus transparente, en basant les prévisions de dépenses publiques globales sur des cours pétroliers réels, tout en définissant clairement la part des revenus d'hydrocarbures destinée à l'épargne. Dans cet ordre d'idées, les conclusions préliminaires de la délégation du FMI, qui a séjourné en Algérie du 17 septembre dernier à hier, font ressortir que le déficit budgétaire devrait se creuser à plus de 6%, en raison de «la diminution des recettes des hydrocarbures», «d'une nette augmentation des dépenses en capital» et du maintien «d'un niveau élevé de dépenses courantes». Aussi, le Fonds n'a pas manqué de réitérer sa recommandation d'adopter «une règle budgétaire», afin d'amorcer «un rééquilibrage des finances publiques», de sorte, plaide-t-il, «à placer la politique budgétaire sur une trajectoire viable». Tout en insistant sur la nécessité de veiller à mieux maîtriser les dépenses courantes, surtout celles liées aux salaires, le chef de la délégation du FMI n'a pas voulu se prononcer sur l'intention des pouvoirs publics d'abroger le fameux article 87 bis du code du travail, ni sur l'impact qui pourrait en découler quant à la taille des dépenses salariales. «Nous avons pris acte de la décision des autorités d'abroger l'article 87 bis, mais nous n'en connaissons pas encore les modalités de mise en œuvre», s'est ainsi contenté de souligner le représentant du FMI, estimant, toutefois, que si l'Algérie veut améliorer sa compétitivité, elle doit faire attention à ce que les ajustements salariaux soient liés à des gains de productivité. «Levée de la règle des 51/49%» Le niveau de la masse salariale, a-t-il observé, «est très élevé», alors qu'environ «50% des dépenses courantes sont financées par des revenus pétroliers».En ce sens, l'institution de Bretton Woods alerte clairement l'Algérie sur l'accentuation des risques qui pèsent désormais sur sa stabilité macroéconomique, au regard notamment du recul de la production d'hydrocarbures et de la forte consommation intérieure. Si cette situation économique est maintenue, la position extérieure nette de l'Algérie deviendra inévitablement négative d'ici 20 à 25 ans, avertit Zeine Zeidane, en insistant notamment sur l'urgence d'investir davantage dans les hydrocarbures, d'accroître les prix intérieurs des produits énergétiques et surtout d'améliorer le climat des affaires pour favoriser l'investissement et la diversification des exportations. A cet effet, le représentant du FMI a appelé à la levée de la règle dite des 51/49% qui régit l'investissement étranger en Algérie, même si, a-t-il concédé, «elle peut continuer à être appliquée pour quelques secteurs stratégiques, tels les hydrocarbures». Selon lui, «le bons sens économique recommande de lever les rigidités et les contraintes à l'investissement et ne pas forcer l'investisseur à chercher un partenaire, si l'on veut élargir les IDE».