C'est à quelques kilomètres du lieu de l'enlèvement du l'alpiniste français Hervé Gourdel, décapité par un groupe terroriste dénommé Jund Al Khilafah ayant prêté allégeance à l'organisation Etat islamique en Irak et au Levant, le 24 septembre dernier sur les hauteurs du Djurdjura, en Kabylie, qu'un vibrant hommage lui a été rendu hier par ses amis. Ils étaient une cinquantaine, dont quatre accompagnateurs du touriste français, en l'occurrence Boukamoum Hamza, Oussama Dehendi, Karim Oukara et Saâdi Kamel, à être venus, dans la matinée d'hier à Tikjda, rendre hommage à leur ami français. Venus des wilayas de Bouira, Tizi Ouzou, Béjaïa et Alger, en réponse à un appel lancé mercredi dernier sur les réseaux sociaux. Ces jeunes étaient munis de portraits de Gourdel et de gerbes de fleurs. Les amis de la victime, dont des membres d'associations en tourisme, journalistes et autres villageois, ont tenu à lui rendre hommage en haute montagne. A 10h, le groupe, pour la plupart des amoureux de randonnées pédestres, se sont donné rendez-vous au col de Tizi n'Kouilal, où la victime et ses accompagnateurs avaient laissé leur voiture en cette journée du 21 septembre pour entamer leur randonnée pédestre vers le sommet de Lalla Khedidja. En raison de la présence de nombreux camions militaires engagés dans l'opération de recherche depuis plus de trois semaines, le lieu s'est avéré inapproprié pour déposer une gerbe de fleurs. La délégation a décidé donc de s'arrêter sur la RN33. Au niveau du site Aswel, les Amis du Djurdjura ont initié plusieurs activités pour marquer l'événement. Là aussi, des dizaines de camions de militaires étaient stationnés sur une piste olympique abandonnée. Les participants à cet hommage étaient unanimes à dire que c'est par devoir de rendre hommage à Gourdel, lâchement assassiné par les sanguinaires de Jund Al Khilafah, que l'action a été organisée. «Gourdel est notre ami. Un ami de la montagne comme nous. Si nous sommes ici aujourd'hui, c'est pour dire et confirmer que nous n'avons peur de personne et que nous continuons à venir à Tikjda et pratiquer nos activités de montagne, randonnées et autres. C'est un défi pour dire aussi que nous sommes toujours là», nous a confié Belkheir Omar, président de l'Association ski et sports de montagne de la commune d'El Adjiba. «Nous continuerons à venir à Tikjda» D'autres partagent le même avis. Pour Hamid, membre du club spéléo de Béjaïa, dont une quinzaine d'adhérents ont pris part hier à cet hommage, «c'est suite à un appel lancé via les réseaux sociaux que nous avons décidé de prendre part à cette activité. Nous avons perdu un ami du Djurdjura. Gourdel est aussi notre ami. C'est une devoir de lui rendre un hommage». L'association a initié, hier, au niveau du gouffre d'Aswel, d'une profondeur de 800 mètres, quelques exercices de spéléologie. Les participants ont par ailleurs observé une minute de silence à la mémoire d'Hervé Gourdel et ont déposé une gerbe de fleurs au lieudit Akhardous, appelé communément belvédère d'Akhardous, où la victime ainsi que ses accompagnateurs voulaient, le jour du rapt, pratiquer l'escalade. Que d'émotion. Boukamoum Hamza, le propriétaire du chalet, n'a pu retenir ses larmes. «On devait escalader cette montagne, mais ce jour-là, les conditions climatiques étaient difficiles, alors nous avons décidé d'organiser une randonnée», a déclaré Hamza, visiblement toujours sous le choc. «Il est venu juste pour nous initier à l'escalade», a-t-il dit en refusant de relater les circonstances du rapt. Par ailleurs, un portrait de Gourdel a été déposé juste à la rentrée du Centre national de sports et loisirs de Tikjda, où une déclaration a été lue par un des organisateurs de cet hommage. «Hervé Gourdel était un ami, un ami de la montagne, de toutes les montagnes et des gens qui peuplent celles-ci», a souligné un participant venu d'Ath Yenni, dans la wilaya de Tizi Ouzou, qui a ajouté qu'Hervé Gourdel «est venu chez nous en ami, avec son équipement d'escalade et cet appareil photo qui ne l'a pas quitté. Il a été kidnappé et lâchement assassiné dans notre pays. Nous lui faisons le serment que dans cette montagne et partout ailleurs, nous préserverons l'amitié, la paix ainsi que les valeurs humaines auxquelles il tenait tant ! Le Djurdjura restera le lieu paisible des bergers, des sportifs, des femmes et des hommes de paix ! Repose en paix, Hervé Gourdel !»