L'armée est à Ghardaïa pour essayer de contenir les dépassements et conflits de la crise communautaire que vit Ghardaïa depuis novembre 2013 et surtout suite au dernier mouvement de protestation des policiers. Quand bien même les policiers, après leur retentissant coup de sang qui les a menés à crier par centaines leur ras-le-bol sur les grands boulevards de Ghardaïa, auraient rejoint leurs positions dans les différentes parties de la ville et des communes environnantes, l'armée a vite fait d'entrer dans la danse et a sifflé la fin de la récréation. C'est le chef d'état-major de la 4e Région militaire, le général-major Cherif Abderrazak, qui s'est rendu vendredi sur place, accompagné par le général Abdelhafid Abdaoui, commandant du 4e commandement régional de la Gendarmerie nationale de Ouargla, pour organiser et donner les directives afin de rectifier le tir en matière de maillage sécuritaire à l'effet de ramener le calme et la sécurité dans cette région ensanglantée depuis le mois de novembre 2013. Le cœur gros des policiers Après avoir reçu, au sein même du secteur militaire de Ghardaïa, les notables et les élus des deux communautés de la vallée du M'zab, auxquels il a demandé une plus grande implication à l'effet d'éteindre la fitna et de concourir ensemble à ramener la paix et la convivialité entre les enfants de cette vallée, le général-major Cherif Abderrazak a entamé une longue tournée à travers les communes de Ghardaïa, Bounoura et Mélika où il a beaucoup discuté avec les hommes des Unités républicaines de sécurité (URS) et de la Gendarmerie nationale qu'il a exhortés à faire leur travail en toute âme et conscience, dans le respect des lois de la République. Accompagné, pour la circonstance, du général Abdaoui et du wali de Ghardaïa, Abdelhakim Chater, ainsi que du colonel Ali Rouane (commandant du groupement de gendarmerie de Ghardaïa), du commissaire divisionnaire Yahia Boussalah (chef de sûreté de wilaya), du colonel Abdelhak Mâameri (chef du secteur militaire) et du colonel Abdelâali du CTRI, il a constaté de visu les conditions dans lesquelles exercent les hommes du maintien de l'ordre auxquels il a promis d'améliorer leur quotidien. A Sidi Abbaz, dans la commune de Bounoura, la visite n'est pas passée inaperçue et aurait, selon quelques policiers approchés par nos soins, beaucoup été appréciée pour ce qu'elle apporte comme réconfort aux hommes éreintés par plus de 10 mois d'affrontements. «Nous aurions aimé que notre hiérarchie en fasse de même, que le DGSN vienne voir de lui-même nos conditions de travail, mais c'est trop tard, nous ne voulons plus le recevoir.» Changement de cap Signalons que le général-major Cherif Abderrazak a installé, momentanément, ses quartiers dans l'enceinte du secteur militaire de Ghardaïa d'où il coordonne et supervise toutes les opérations. Signe qui ne trompe pas quant au changement dans la gestion des émeutes et des rassemblements, samedi, quelque 150 Mozabites du ksar de Mélika, arrivés par la rue d'Alger qui fait face au siège de la wilaya, ont essayé d'investir la voie publique, de la couper à la circulation automobile et de fermer les grilles de la wilaya, mais ils ont été rapidement et énergiquement dispersés par les forces antiémeute de la police, qui ont procédé à l'interpellation de trois d'entre eux. Malgré la douceur de la température, Ghardaïa est restée, samedi, comme triste, la plupart de ses commerces ayant gardé les rideaux baissés, ses habitants sont restés enfermés chez eux alors que la ville est cloîtrée dans un dispositif de sécurité plus serré que d'habitude. Rares sont les gens qui ont encore le cœur à tenter une sortie si ce n'est pour des courses essentielles. «Je suis obligé de sortir pour faire quelques achats afin d'assurer la popote des enfants, sinon croyez-moi, à part les journaux dont je ne peux me passer, rien ne m'attire dehors par ces temps de chagrin», nous lance de sa douce voix aâmi Rezki, un ancien comptable retraité. Et d'ajouter : «Pourquoi font-ils tant de dégâts à ce pays qui nous a pourtant tout donné ? Je ne comprends plus rien, mais je sais qu'il faut que ça change et que cela ne peut continuer ainsi.»