L'hécatombe des accidents de la circulation cause 4 000 morts et des milliers de blessés chaque année. Aussi, il devient urgent de développer et de déployer les meilleurs instruments pour mesurer et comprendre les aléas de la sécurité routière. Un bond significatif dans ce sens semble être impulsé. Au laboratoire d'accidentologie de l'INCC… Aujourd'hui, grâce aux avancées de la science et plus particulièrement de la technologie, les affaires les plus mystérieuses et les plus compliquées finissent par être élucidées. Le laboratoire d'accidentologie, dirigé par le commandant Guessoum Bachir, ingénieur dans le domaine, est l'un des 49 laboratoires de recherches et d'analyses installés au sein de l'Institut national de criminalistique et criminologie (INCC) de la Gendarmerie nationale. Il assure les analyses chimiques et les examens mécaniques des véhicules faisant l'objet d'une investigation approfondie afin de déterminer les causes des accidents routiers et de traquer les auteurs de vol et de trafic des véhicules. Lors de l'exécution d'une enquête sur un accident de voiture, l'expert doit avoir une expérience professionnelle bien spécifique afin de faire face à des situations compliquées. Pour faciliter les constats d'accident routier, le laboratoire développe des outils sophistiqués. Ces équipements sont indispensables aux experts pour la reconstitution des accidents dans le but d'en définir les causes réelles et de déterminer les responsabilités des différents intervenants. Mais en quoi consiste la reconstitution d'un accident de la route ? Quels sont les outils qu'utilisent les ingénieurs pour restituer la scène du crash ? Pc-Crash Pour restituer l'accident, les ingénieurs utilisent la modélisation 3D de l'accident avec le PC-Crash. Ce dernier est un logiciel certifié, largement utilisé par les experts européens, pour reconstituer objectivement les accidents. «La reconstruction du crash permet de reproduire à l'identique la scène de l'accident. C'est une simulation du crash réel qui respecte également les énergies dissipées, les trajectoires des véhicules, leurs traces et leur déformation», précise le commandant Guessoum. Il ajoute que cet outil est utilisé particulièrement dans les cas d'accident grave. Pour illustrer ses propos, le responsable fait référence à l'accident survenu le 10 janvier 2014 à Ouargla. Ce crash était dû à une collision frontale entre un bus de transport de voyageurs et un camion semi-remorque. L'accident a fait 12 morts et 25 blessés, selon les comptes rendus de la presse nationale. «On essaie d'analyser au détail près l'accident. On examine, à titre d'exemple, les points d'impact, les traces provoqué par l'accident, la position finale et on tente également d'interpréter le glissement des véhicules», développe-t-il. Base de données Le commandant Guessoum affirme que l'équipe du laboratoire dispose d'une base de données internationale répertoriant 10 000 véhicules. «Cette base de données nous permet d'introduire les caractéristiques des véhicules endommagés. Dans le cas d'un accident grave, l'expert se voit contraint de se déplacer pour relever le descriptif complet du véhicule. Le barré rouge, notice descriptive à l'intérieur des véhicules, nous aide à avoir toutes les informations sur l'engin (dimensions, poids, suspensions…», explique le commandant. L'investigateur choisira par la suite dans la base de données le modèle de voiture qui correspond au véhicule endommagé. «Cet outil nous fournit les caractéristiques techniques internationales de l'engin. Mais en fonction de ce qui a été indiqué dans le ‘barré rouge', on modifie les données manuellement au cas où le véhicule concerné n'est pas répertorié dans la base de données», ajoute-t-il. Identification et comparaison des traces de peinture Lors de la constatation d'un accident de la route suivi d'un délit de fuite, les experts en accidentologie découvrent souvent des indices matériels, entre autres des particules de peinture, qui constituent un élément de trace important pour déterminer si le véhicule est impliqué ou non dans l'accident. Pour arriver à des résultats concrets, les experts recourent à la spectrophotométrie, une méthode utilisée pour étudier l'absorption des substances. «Pour établir la correspondance, on utilise le spectrophotomètre. Cet appareil nous aide à obtenir des données chiffrées sur la couleur de l'échantillon étudié», explique-t-il. En outre, le labo détient une base de données spécifique contenant de nombreux échantillons de peinture. «L'analyse de la peinture permet d'effectuer des comparaisons entre une trace retrouvée sur la scène du crime et la peinture du véhicule suspect», ajoute le commandant Guessoum.