Le siège régional de l'Entreprise nationale d'exploitation des mines d'or (ENOR) à Tamanrasset est fermé depuis mercredi par les employés de la société de sous-traitance Amne Plus, chargée de gardiennage et du volet sécuritaire dans les bases de vie et les champs aurifères d'Amesmassa, Tirak et Tanezrouft, situés respectivement à 500, 450 et 480 km de Tamanrasset. Le portail de l'entreprise a été verrouillé par des dizaines de mécontents venus crier leur colère et réclamer, entres autre, leurs salaires non perçus depuis «trois mois». Sur la porte, ils ont collé plusieurs affiches où l'on peut lire : «Non à la hogra», «Nous réclamons nos droits, nos salaires», «Non aux fausses promesses». Les protestataires qui disent avoir observé, récemment, un sit-in devant le siège de la wilaya, semblent déterminés à faire valoir leur plateforme de revendications et menacent de maintenir leur bras de fer si l'administration continue de faire la sourde oreille. Leur action a été, précisent-ils, motivée par «le comportement désobligeant» du nouveau directeur de l'ENOR, qui aurait «manqué de respect» aux grévistes. «Il n'a même pas voulu nous recevoir. Il nous a envoyé balader en nous disant d'aller nous plaindre auprès du PDG de l'entreprise mère, à Alger», s'indignent les protestataires, qui signalent que 70 de leurs collègues sont en grève illimitée depuis le 16 octobre dernier à la mine d'Amesmassa. «Après la résiliation du contrat avec l'ancienne société de gardiennage Shaps, pour des raisons ambiguës, l'ENOR traverse une situation d'instabilité qui risque de prendre une allure scandaleuse, notamment en ce qui concerne les critères adoptés pour l'octroi du marché à une autre société» dénonce un protestataire, brandissant des documents incriminant des hauts cadres de l'entreprise. Ce n'est pas tout. La convention collective a été cosignée le 28 août dernier entre le PDG et un représentant du syndicat figurant parmi les 11 membres du comité participatif des œuvres sociales, mis sous contrôle judiciaire suite au détournement de plus de 170 milliards de centimes. Dans ce document (dont nous détenons une copie), le premier responsable de l'entreprise, déficitaire depuis 2011 selon les rapports financiers annuels dressés par son actionnaire majoritaire Sonatrach, s'est permis de fixer des salaires de base mirobolants, avec des augmentations variant entre 60 000 et 80 000 DA comparativement à l'ancienne convention. Des rémunérations allant de 240 000 à 450 000 DA par mois dans une entreprise qui ne produit plus d'or, hormis les quelques grammes extraits des rejets de minerais. Ce qui fait dire qu'il y a anguille sous roche. «Qu'on cesse de mentir ! Il n'y a plus de production d'or à Tamanrasset. Les engins sont à l'arrêt. Plus de 120 employés sont, sur ordre de l'actuel PDG, rémunérés mensuellement sans aller travailler. Ils marquent leur présence à la direction régionale de l'entreprise où est mise à leur disposition une feuille de pointage pour émarger et justifier un service réellement non rendu», ajoute-t-on. Pour de plus amples informations, nous avons, à notre tour, pris attache avec le directeur régional d'ENOR, Halaoua Fateh. Tout en reconnaissant la légitimité des revendications formulées par les employés d'Amne Plus, M. Halaoua a démenti les allégations de certains travailleurs qui lui font dire ce qu'il n'a pas dit : «J'ai reçu le représentant des grévistes dans un cadre légal et avec respect.» En ce qui concerne la convention collective, notre interlocuteur a expliqué qu'elle n'est toujours pas en vigueur et que «les signataires ont tous la qualité légale pour y apposer leur griffe et leur cachet». Au sujet des employés affectés au siège régional pour marquer uniquement leur présence, il a nous a appris que «cette mesure provisoire a été prise dans le but de réduire les charges financières de l'entreprise en attendant la réaffectation des 80 travailleurs concernés dans leurs postes d'origine, après l'installation des nouveaux équipements de production récemment acquis, puisque l'ancien matériel, amorti à 90%, ne répond plus aux normes». Pour conclure, M. Halaoua a indiqué que 30 kg d'or ont été produits ces trois derniers mois. Toutefois, cette quantité reste loin de couvrir les charges des quelque 600 personnes employées par l'entreprise qui a, pour rappel, enregistré plus de 1000 milliards de dinars de perte durant les exercices antérieurs, affirme une source très au fait du dossier.