Il n'existe aucune trace des quantités d'or transférées par GMA en Suisse pour raffinement. L 'Inspection générale des finances (IGF) a ouvert, depuis quelques semaines, une enquête approfondie concernant le dossier de l'australien GMA Ressources, ex-actionnaire majoritaire de l'Entreprise nationale de l'exploitation d'or en Algérie (Enor). De sources bien informées, nous avons appris que les inspecteurs ont été instruits pour éplucher tous les registres comptables tenus par cette entreprise. Particulièrement sur «les conditions d'octroi et de dépense du crédit d'exploitation (67 millions de dollars) contracté auprès de la Banque extérieure d'Algérie (BEA) pour financer son opération d'investissement dans les mines d'or d'Amesmessa et de Tirek, dans la wilaya de Tamanrasset», soulignent nos sources. Et de renchérir : «Durant cinq ans d'exercice, soit de 2007 à 2011, l'Enor a enregistré un déficit de plus de 1000 milliards de dinars.» L'enquête, coïncidant avec les dernières déclarations du ministre chargé des Relations avec le Parlement quant au retrait du partenaire de Sonatrach, serait orientée vers les ventes de l'or à l'étranger, les salaires perçus par les responsables de GMA et les rémunérations des expatriés. Les dossiers des exportations auraient été aussi remis sur le tapis. Contactée par nos soins, une source à la direction de l'Enor affirme que «les enquêteurs de l'IGF se sont présentés à la direction générale de l'entreprise il y a plus d'un mois de cela. Actuellement, ils occupent un bureau dans l'administration et travaillent sur tout ce qui est en relation avec ces Australiens. Ils ne communiquent avec personne à la direction pour éviter une possible fuite des informations». Pour rappel, l'entreprise australienne, GMA, sous l'égide du ministre de l'Energie et des Mines d'alors, Chakib Khelil, a fini par céder toutes ses actions à l'Enor, en 2012, au profit du géant aux pieds d'argile, Sonatrach, avant de s'envoler au Congo pour y investir. Les autorités algériennes, qui se sont laissées prendre par les déclarations mielleuses du PDG de GMA, Douglas Perkins, qui a annoncé la découverte du plus important gisement d'or en Afrique à Tamanrasset, «veulent maintenant nous faire croire que ces Australiens n'ont pris aucun centime des deniers algériens. Nos responsables sont-ils au courant que certains dirigeants de cette entreprise inexpérimentée dans l'exploitation aurifère percevaient un salaire de plus 4 500 000 DA (soit 4,5 millions de dinars) par mois ? Où sont passées les quantités d'or transférées vers la Suisse pour raffinement ? Les Australiens ont pris tout sans investir le moindre sou en Algérie. Ils employaient des ingénieurs rémunérés à 400 000 DA le mois, alors que sur les documents comptables on déclare 1 200 000 DA/mois (1,2 million de dinars) pour empocher la différence. Au lieu de condamner les mis en cause, on fait tout pour les disculper dans ce pays souillé par la corruption», regrette la même source. Joint par téléphone, l'ancien directeur régional de l'Enor, Adila Kaoues, qui a été écarté par Chakib Khelil après avoir dénoncé les irrégularités et magouilles de GMA, affirme avec ironie : «C'est vrai que les Australiens n'ont pas pris de centime mais plutôt des milliards, de connivence avec Chakib Khelil et l'ex-directeur général d'Enor, Mustapha Benzarga.» Ce dernier, notons-le, a comparu récemment devant le juge près le tribunal pénal de Bir Mourad Raïs (Alger) pour «avoir proféré des propos diffamatoires» à l'encontre de l'ex-directeur régional lors d'une émission télévisée. «Il (Benzarga, ndlr) m'a traité de fou et de collaborateur du colon français», s'écrie M. Adila, signalant que «l'accusé» a écopé d'une amende de 30 000 DA et de 1 000 000 DA de frais de réparation. Il convient de rappeler que les unités de l'Enor basées à Amesmessa et Tirek, situées respectivement à 500 et 550 km au sud de Tamanrasset, «n'ont produit aucun gramme d'or depuis plus d'une année», a-t-on affirmé. Les employés, dont le nombre s'élève à 120 personnes, «ont reçu l'ordre de ne plus aller travailler à l'usine tout en percevant normalement leur salaire, à la condition de pointer quotidiennement à la direction régionale de Tamanrasset». Cette décision, explique-t-on, serait prise par la direction générale dans le but de réduire les coûts d'exploitation à même de minimiser les frais de transport et d'alimentation du personnel. Une solution provisoire aux dépens du contribuable et au mépris de la loi que celle prise par la direction générale de l'entreprise à l'heure où celle-ci s'embourbe dans de sérieuses difficultés financières.