L'Algérie ignore ses ressortissants». En intitulant ainsi leur dernier communiqué de presse, les initiateurs de la campagne pour la fermeture des centres d'internement d'étrangers en Espagne (CIES No), qui regroupe une trentaine d'organisations sociales valenciennes et espagnoles, tentent, encore une fois, de sensibiliser les autorités algériennes sur les graves atteintes aux droits de l'homme dont sont victimes nos harraga, «internés» dans les CIE du royaume ibérique. C'est un autre cas, qui ne sera sans doute pas le dernier, que ces défenseurs de la cause des migrants irréguliers vivant sur le territoire espagnol ont tenu à signaler à nos autorités. Il s'agit de Ahmed Mostefaoui, en rétention au CIE de Valence (est de l'Espagne). Le 14 octobre, ce jeune harrag a été atrocement violenté à coups de matraque par deux policiers espagnols, une femme et un homme, alors qu'il était assis dans la cour dudit CIE. Tous les étrangers de différentes nationalités ont été sommés de regagner leurs cellules, dans lesquelles ils sont entassés à 5 ou 6. C'est alors qu'«une dizaine de policiers sont entrés, cellule par cellule, agressant seulement les citoyens algériens à coups de poing et de pied, avec leurs matraques et leurs boucliers», s'indignent les auteurs du communiqué, dont une copie est parvenue à notre rédaction. Résultat de l'«assaut» anti-algérien : «Des contusions, des plaies graves sur la tête, des bleus sur le corps et des saignements du nez» dont ont été victimes nos compatriotes. Ahmed Mostefaoui, qui était parmi ces Algériens «souffre-douleur» des policiers espagnols, a décidé de réagir en dénonçant ces actes barbares et en portant plainte devant la justice espagnole. Mais son courage lui a coûté cher, il lui a valu une série d'autres agressions verbales mais aussi physiques. «Quelques jours après, Mostefaoui, a été de nouveau agressé par un policier espagnol qui l'a passé à tabac, lui provoquant une hémorragie du nez». Les conditions de vie sont difficiles, dégradantes, voire inhumaines pour les pensionnaires algériens du CIE de Valence et d'autres centres – l'Espagne en compte 9. Les médias, ONG et associations espagnoles de défense des droits des migrants irréguliers, réfugiés et demandeurs d'asile, n'ont de cesse de dénoncer les maltraitances, discriminations, brimades, humiliations, faim, froid, absence de soins, violences, propos haineux qui constituent le quotidien de nos compatriotes en rétention, surtout au niveau du CIE de Valence et du Centre de séjour temporaire pour migrants étrangers (CETI) de l'enclave espagnole de Melilla. Dans le royaume d'Espagne, les droits humains les plus élémentaires sont bafoués. En témoignent les incessantes maltraitances, de plus en plus violentes, à l'encontre des Algériens, enregistrées pendant le mois de septembre dernier. C'est ce qu'ont tenu à rappeler, dans leur communiqué, les militants de la campagne CIE No qui a pour slogan : «Ser immigrante no es un delito» (être immigrant n'est pas un délit). En effet, y est-il écrit, «pendant le mois de septembre de l'année en cours, des citoyens algériens du CIE de Valence ont été victimes de plusieurs agressions». Nos autorités consulaires, maintes fois saisies aussi bien par les victimes que par des ONG et associations locales et informées par voie de presse – les médias locaux s'en étant, à chaque fois, aussitôt fait l'écho – ont-elles réagi ? La réponse est non, à en croire les membres de CIES No : «Les autorités algériennes n'ont pas bougé le petit doigt et les agressions continuent», écrivent-ils. Pourtant, tiennent-ils à rappeler, «ces mêmes autorités ont comme mission de protéger les droits de leurs citoyens là où qu'ils se trouvent, mais dans ce cas, rien n'a été fait». Cette curieuse placidité suscite moult interrogations, clairement signifiées dans le communiqué de CIES No : «Les autorités algériennes connaissent la situation de ces ressortissants puisque, lors d'autres agressions, le vice-consul à Alicante, Oussama Hamed Salhi, a visité les installations du CIE de Valence en octobre 2013, et avait promis et déclaré que tout allait s'arranger». Malheureusement, déplorent les auteurs du document, «un an après, les Algériens continuent à être roués de coups et leurs droits bafoués». En l'absence avérée de protection par ceux censés être garants de leurs droits les plus élémentaires, nombre de victimes ont porté, en septembre dernier, l'affaire devant les tribunaux espagnols. Mais c'était peine perdue : ils ont été rapatriés en Algérie avec la collaboration des autorités consulaires. Rappelons que la mise en œuvre de l'accord bilatéral de réadmission, signé entre Alger et Madrid le 31 juillet 2002, a permis le rapatriement de milliers de clandestins. Les deux pays se sont d'ailleurs toujours réjouis, par canaux diplomatiques interposés, de leurs performances respectives dans la lutte contre l'émigration-immigration clandestine. D'autant que pour les Espagnols, le rapatriement des Algériens n'a jamais posé problème, nos autorités consulaires coopèrent activement dans l'identification des harraga appréhendés.