La justice espagnole a rouvert le dossier des cinq Algériens qui se sont plaints de violences subies de la part de la police durant leur détention, en 2012, au Centre d´internement pour étrangers (CIE) de Zapadores (Valence). Au total, ce sont 31 plaintes pour «agressions individuelles» et «bastonnades collectives» qui auraient été commises contre les détenus de ce centre administratif en vue de leur expulsion vers leur pays d´origine pour séjour illégal en Espagne. Selon la trentaine d´organisations civiles qui militent pour la fermeture de ce centre, les immigrés «n´auraient commis aucun délit» durant leur détention. Dans un document intitulé «Quel est le délit ?», les organisations civiles font état, sur la base de divers témoignages, que les détenus ont subi des «châtiments physiques, des coups, des injures et des humiliations». Depuis leur arrestation, ils n´ont fait l´objet d´aucune condamnation judiciaire. «Ils sont systématiquement expulsés dès leur présentation devant la justice, ce qui conduit le plus souvent au classement de l´affaire», témoignent les ONG. Aucune suite judiciaire n´avait été donnée à leurs plaintes lors de leur présentation devant le juge au mois d´avril 2012. Une année après leur expulsion, la justice les avait cités à comparaître mais les autorités espagnoles leur ont dénié l´octroi du visa d´entrée en Espagne. La plainte avait été déposée auprès de l´ambassade et du consulat d´Espagne à Alger. Le 6 mars dernier, une enquête avait été ordonnée à la suite des accusations portées contre un policier. Ce dernier avait été identifié par les cinq Algériens, dont trois seraient des mineurs. «C´est un homme costaud, blond ou rouquin qui se présentait de nuit muni d´une matraque», affirme une victime disant avoir été «rouée de coups sans raison». Selon un rapport médical du médecin des organisations civiles, les victimes portaient des lésions et des tuméfactions sur leur corps. Le procureur et le juge d´instruction nº16 ont décidé donc de mettre en examen l´agent de police, d´entendre deux autres policiers comme témoins dans cette affaire et d´ordonner une enquête sur ses antécédents judiciaires. Le mis en cause a nié en bloc les accusations portées contre lui par les victimes. La presse de Valence ne croit pas qu´il y aurait un procès contre le policier pour ses agressions contre ces jeunes immigrés clandestins qui avaient risqué leur vie en effectuant la traversée jusqu´en Espagne à bord d´embarcations de fortune. Récemment, à Barcelone, un policier avait été traduit en justice pour «abus sexuel» contre une immigrée en situation illégale, mais ce cas est nettement plus compliqué au regard de la loi espagnole qui ne fait pas dans le détail avec ce genre de crime.