L'armée israélienne a été contrainte par la résistance du Hezbollah d'opérer dans la journée d'hier un repli au Liban-Sud. La chaîne satellitaire Al Jazeera a précisé que les unités d'élite ayant pris poste depuis une semaine à Maroun Al Ras, premier village frontalier, ont été « chassées » hier par la force des roquettes de la résistance libanaise. Les unités de blindés « postées » dans la région du Bint Jbéil ont également rebroussé chemin jusqu'à la frontière. Dans une tentative de minimiser le coup dur porté à ses forces terrestres, un responsable de l'armée israélienne a qualifié de « tactique » ce recul qui vise à mieux reconquérir le territoire sud du Liban. Face à la farouche résistance du Hezbollah qui a tué treize soldats israéliens dont un commandant lors de violents affrontements mercredi dernier à Bint Jbéil, le gouvernement Olmert a donné son feu vert pour le renforcement de l'infanterie israélienne par au moins 15 000 soldats réservistes. Trois unités de 5000 à 6000 hommes chacune ont été mobilisées et sont « prêtes » à faire leur incursion au Liban-Sud. Entre temps, les combats ont repris dans l'après-midi d'hier à Maroun Al Ras, reconquis par les combattants du Hezbollah. Trois blessés ont été signalés du côté israélien. Du côté de la résistance libanaise, on a annoncé la morts de quatre combattants. Parallèlement aux combats terrestres, l'aviation israélienne a intensifié hier ses bombardements au Liban-Sud, rasant complètement plusieurs villages. Au moins 400 bombes au phosphore, déjà utilisées la semaine dernière, ont été larguées sur plusieurs villes et villages du sud libanais, notamment sur la ville de Sour, tuant plusieurs civils et détruisant de nombreuses habitations. Jeudi soir, l'artillerie lourde israélienne a tiré quelque 160 obus sur le village d'Aïtaroun, situé à moins d'un kilomètre de la frontière, démolissant une centaine d'habitations et endommageant d'autres. L'attaque israélienne n'était pas uniquement aérienne, puisque même sa marine a lancé une quarantaine d'obus sur le village de Hallousiyé, près du port de Tyr, au sud de Beyrouth. Les bombardements ont détruit une vingtaine d'habitations dans cette localité. L'offensive aérienne s'est poursuivie tout au long de la journée. Ainsi, une vingtaine de raids ont touché le secteur de Nabatiyé, Kafoudjouz, Abou Rached, Ansar, Berkat Djebour et Saïda faisant des dizaines de morts. Les raids intensifs ont tué au moins 40 civils libanais dont deux femmes dans la ville de Sour. Rien que jeudi, au moins dix civils et un gendarme libanais ont été tués dans ces bombardements. Le cabinet de sécurité israélien, qui a rejeté jeudi les plans d'une extension de l'offensive terrestre, s'est prononcé toutefois pour une intensification des bombardements contre le Hezbollah chiite au Liban-Sud. C'est ainsi que rien n'a été épargné, ni convoi de déplacés fuyant le Sud soumis toujours aux « pluies » de bombes ni ceux de journalistes se dirigeant vers cette région « chaude » pour faire leur travail. Le Hezbollah a riposté par des tirs de missiles sur les villes du Nord israélien, notamment Al Arfaroun. Ce mouvement a utilisé de « nouveaux » missiles Khaïbar 1 et Zilzal à moyenne portée et ont permis, selon les responsables du Hezbollah, d'abattre un avion-espion qui survolait le Sud libanais. En tout, le Hezbollah a lancé sur le Nord israélien plus de 1400 roquettes depuis le déclenchement de la guerre. Missiles et roquettes qui sont tombés principalement sur les villes de Haïfa, Nazareth, Tibériade, Carmiel, Safed et Maalot. Total 420 Libanais ont été tués et 817 civils blessés depuis l'ouverture des hostilités.