Engagée par le syndicat d'entreprise, les résultats de cette action sont attendus par les 720 travailleurs du complexe de Sour El Ghozlane, à Bouira, qui dans une lettre adressée aux plus hautes autorités du pays ont dénoncé la suspension de leurs collègues jugée d'« abusive, arbitraire et répressive » et appelé à une « urgente » intervention pour mettre un terme « au climat de tension qui gangrène » les relations de travail avec les responsables de l'administration. À l'origine, l'échec des négociations En fait, le conflit qui oppose les employés à la direction générale de l'entreprise remonte au mois d'avril dernier lorsque ces derniers, après l'échec des négociations autour d'une plate-forme de revendications socio-professionnelles, surtout sur le point concernant l'exigence d'un audit externe de la gestion des œuvres sociales, ont décidé d'une grève qui a paralysé le complexe de Sour El Ghozlane pendant dix jours. Les différents contacts avec la tutelle et l'inspection ont fini par faire reculer la direction générale de la Sidet, qui a accepté une rencontr de conciliation. Celle-ci a eu lieu le 23 avril dernier, en présence de l'inspecteur du travail pour la wilaya de Bouira, du directeur général de la filiale ainsi que des représentants syndicaux. Le procès-verbal ayant sanctionné cette réunion et signé par les trois parties a fait état de la concrétisation de plusieurs revendications, notamment l'approvisionnement des unités de production en pièces de rechange, et la remise aux représentants des travailleurs du procès-verbal de l'expertise relative à la gestion des œuvres sociales dans un délai d'un mois. Cette lueur d'espoir a permis d'assainir les relations entre les deux parties et d'aplanir le climat de tension qui étouffait les employés de l'usine. Malheureusement, cette situation a été de courte durée. Deux semaines plus tard, les décisions de suspension ont commencé à pleuvoir. Ainsi, trente-trois travailleurs ont été concernés par ces mesures parmi lesquels huit syndicalistes et les motifs évoqués par l'administration sont tous les mêmes, à savoir : « participation à un arrêt collectif et concerté de travail (...) insolence, attitude et comportement grossier envers le Président-directeur général du groupe Enad et le directeur de la filiale Sidet, entrave à la liberté de travail... ». Ces mesures ont créé un climat de tension qui a lourdement affecté le rendement des travailleurs et surtout les relations de ces derniers avec les responsables du Groupe Enad et de la filiale Sidet. Appels sans écho Une fois l'onde de choc passée, les travailleurs ont déposé plainte auprès du tribunal d'Alger pour faire annuler les décisions de suspension et saisi par écrit les plus hautes autorités du pays. Dans une lettre adressée au ministre de la Participation et de la Promotion de l'Investissement, les syndicalistes ont déclaré qu'en procédant à la suspension « répressive, arbitraire et abusive » du personnel parmi lesquels le directeur du complexe, le directeur technique, l'assistant chargé des ressources humaines, le chef de service du personnel, le responsable de la section syndicale et 23 autres travailleurs, les responsables de l'administration « ont paralysé » le complexe de détergents de Sour El Ghozlane. « Ces mesures sont intervenues pour contrecarrer l'exécution du procès-verbal de conciliation, signé conjointement entre le PDG du groupe et la section syndicale de la filiale. La remise en cause de cet accord, lequel venait de mettre fin à une situation de conflit qui a duré plus de deux ans, démontre clairement la volonté de replonger l'entreprise dans une situation d'impasse et de pourrissement du climat social et de couvrir la gestion douteuse et énigmatique des œuvres sociales... » ont écrit les syndicalistes, tout en exhortant le ministre à « réintégrer » les travailleurs suspendus et « d'ouvrir une enquête » sur la gestion de la filiale Sidet. Depuis, tous les appels des travailleurs sont restés sans écho. Leur seul espoir reste la décision de justice, qui tombera aujourd'hui, car ont-ils expliqué, il y va du gagne-pain de plus d'une trentaine de familles, qui se sont retrouvées privées de salaires depuis trois mois.