De nombreux experts des pays arabes et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) prennent part, depuis hier à Alger, aux travaux de la 10e réunion des commissions nationales des Etats membres de la Ligue arabe, consacrée à l'application du droit international humanitaire, notamment en zones de conflit l Demain, ils finaliseront un plan d'action pour une région enflammée par les conflits armés. Alger abrite depuis hier la 10e réunion des commissions nationales et des experts gouvernementaux de 16 pays arabes sur l'application du droit humanitaire, organisée conjointement par le CICR et la Ligue arabe. Tenus à huis clos, les travaux concernent les activités du CICR dans la région et les mesures prises par les Etats membres de la Ligue arabe pour garantir «la protection nationale pendant les conflits armés et renforcer le droit international humanitaire, tel que l'élaboration d'un projet de protection sanitaire». Au programme figure également l'examen du bilan des activités de l'ensemble des commissions nationales, dont celle de l'Algérie, créée en 2008 et placée sous tutelle du ministère de la Justice. Lors de son intervention Christine Beerli, vice-présidente du CICR, a rappelé le contexte dans lequel se tiennent les travaux de cette réunion : «Le Monde arabe est particulièrement touché par la violence : le conflit syrien perdure, la situation en Irak semble s'aggraver de jour en jour, les habitants de la bande de Ghaza continuent de souffrir, le Yémen et la Libye connaissent une période d'instabilité dramatique (…). Ces conflits et autres situations de violence donnent lieu à de graves violations du droit humanitaire international. Les règles des Conventions de Genève ne sont pas suffisamment respectées, les populations protégées (enfants, détenus et civils) ne bénéficient pas toujours de la protection qui leur est due, tandis que malheureusement, les pratiques de violence et de violation du droit ne changent pas. La violence sexuelle est toujours cruellement répandue. Les professionnels des soins de santé sont délibérément pris pour cible et attaqués, malgré la protection que leur confère expressément le droit international.» Mme Beerli a estimé que 150 ans après l'adoption de la première Convention de Genève, «force est de constater que le droit international a échoué». Un constat partagé par le ministre de la Justice, Tayeb Louh, qui a évoqué de «nombreuses violations du droit international humanitaire touchant de plus en plus de civils». Selon lui, «ces dernières années ont connu une évolution inquiétante de la nature des conflits armés (…) qui se déroulent souvent en milieu urbain où les protagonistes sont mêlés à la population civile (…). Ces actions constituent des violations graves et répétées à la convention de Genève». Pour le ministre, «le problème n'est pas dans l'absence de normes en matière de droit humanitaire, mais plutôt dans la mise en application de ces lois, voire même dans la violation de ces lois par certains Etats». M. Louh a mis l'accent sur «la voie du dialogue et la réconciliation» dans le règlement des conflits en disant : «L'Algérie est convaincue que plusieurs tragédies auraient pu être évitées si les belligérants avaient privilégié le dialogue et la réconciliation au lieu de recourir à la violence et aux armes et si, de son côté, la communauté internationale s'était investie dans le règlement des conflits par des moyens pacifiques. Si le devoir humanitaire nous interpelle et nous incite à agir afin d'atténuer les conséquences fâcheuses de ces conflits et de leurs retombées, la responsabilité de la communauté internationale demeure entière pour rechercher les voies et moyens à même de prévenir ces crises en mettant tout en œuvre pour rendre effectifs les principes de paix et de sécurité dans les relations internationales.» Le ministre a plaidé pour une «nouvelle dynamique au système international de manière à ce qu'il puisse offrir à tous les peuples du monde des conditions de développement durable et équitable». Interrogée sur les actions de l'Algérie au profit des réfugiés subsahariens, Saïda Benhabylès, présidente du Croissant-Rouge algérien a répondu : «L'Algérie a assumé ses responsabilités humanitaires face à l'instabilité. Elle a accueilli un grand nombre de migrants ayant fui les guerres et les conflits.»Sur la question des conséquence d'un tel flux, notamment en matière de santé, Mme Benhabylès a répliqué : «Il ne présente aucun danger pour la santé des Algériens. Le ministère de la Santé a déjà pris des mesures dans ce sens.»