La responsable s'exprimait à l'ouverture de la 10e réunion d'experts des Etats membres de la Ligue arabe sur la mise en œuvre nationale du droit international humanitaire, à Alger, en présence notamment du président de l'APN, Larbi-Mohamed Ould-Khelifa, et du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh. La vice-présidente du CICR a signalé que les conflits, la violence et les crises sont partout. « Le monde arabe est particulièrement touché par la violence, notamment en Syrie, en Irak, à Ghaza où les habitants continuent de souffrir, au Yémen et en Libye qui connaissent une période d'instabilité dramatique », a-t-elle noté, constatant que les règles des conventions de Genève régissant la conduite des hostilités « ne sont pas suffisamment respectées ». La même responsable a dressé un tableau noir sur l'application du DIH. « Les femmes, les enfants, les détenus et les civils, notamment ne bénéficient pas toujours de la protection qui leur est due tandis que les pratiques de violence et de violation des droits ne changent pas », a-t-elle déploré. En outre, la violence sexuelle est toujours répandue. De même pour les professionnels des soins de santé « qui sont délibérément pris pour cible ». Louh : « La réconciliation et le dialogue pour éviter les crises » Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, a tenu à souligner que « le véritable problème ne réside pas dans l'absence de normes régissant le droit humanitaire, mais dans l'absence de leur application, voire leur violation. Pour le ministre, de nombreuses violations au droit international humanitaire « commises à travers le monde, touchent de plus en plus de civils ». Autre constat de Louh : « Une évolution inquiétante de la nature des conflits armés qui se déroulent aujourd'hui très souvent en milieu urbain où les protagonistes sont mêlés à la population civile, au sein de laquelle les femmes et les enfants sont les plus exposés. » Ce qui engendre, selon lui, une misère insupportable touchant aux droits les plus élémentaires de la personne humaine. De ce fait, il a plaidé pour la réconciliation et le dialogue dans la résolution des conflits armés, afin d'éviter leurs retombées sur les civils. « L'Algérie est convaincue que ces tragédies auraient pu être évitées si les belligérants avaient privilégié le dialogue et la réconciliation au lieu de recourir à la violence et aux armes », a-t-il soutenu. En ce sens, il a également mis l'accent sur le rôle de la communauté internationale qui devrait s'investir davantage dans le règlement de ces conflits par des moyens pacifiques. Le ministre a averti des conséquences de ces conflits « qui ont attisé l'intolérance et la haine entre les groupes communautaires et ethniques ». Une situation qui a créé, selon lui, un environnement propice à l'extrémisme et au terrorisme ainsi qu'aux différentes formes de criminalité. La solution ? « Renouer avec l'esprit qui a prévalu suite aux tragédies engendrées par les deux grandes guerres mondiales », a-t-il recommandé. Il a appelé également à impulser une nouvelle dynamique au système international de manière à ce qu'il puisse offrir à tous les peuples du monde des conditions de développement durable et équitable. Louh a soutenu que certains pays du monde arabe et de régions limitrophes ne sont pas à l'abri de ces drames. « Notre souhait est de voir ces consultations aboutir à des conclusions constructives et consensuelles qui emporteraient l'adhésion de toutes les parties », a-t-il conclu. Pour un plan d'action du DIH en 2015 Les experts se réuniront durant trois jours, à huis clos, afin d'établir le nouveau plan d'application du DIH pour l'année 2015. « Cette réunion se déroule dans un contexte territorial et international extrêmement sensible où la sécurité et la paix internationales se trouvent menacées », a déclaré le représentant de la Ligue arabe, Redouane Benkhadra. Il a rappelé notamment la recrudescence des actes terroristes commis par des extrémistes qui annoncent la création d'un Etat fictif. « Cette situation nécessite l'adoption d'une position solide afin de valoriser le droit humanitaire international », a-t-il précisé.