-Quel est l'impact de ces recherches sur la culture et l'éducation des jeunes générations ? Le patrimoine culturel de l'Algérie en général et archéologique en particulier redevient une priorité primordiale de l'état car sa richesse et sa diversité représentent toutes les facettes des populations algériennes. En cela les jeunes générations et surtout celles qui se spécialisent dans ces domaines relevant de la recherche de nos ancêtres, de leurs cultures et de leurs pratiques quotidiennes ont vite compris l'importance de ces recherches et l'intérêt porté désormais à la conservation patrimoniale de ces dernières. -L'Etat est-il conscient de l'importance de ces recherches ? A-t-il mobilisé assez de moyens ? Les Sites de fouille sont-ils suffisamment protégés ? Comme je viens de le souligner plus haut, notre patrimoine archéologique, vitrine culturelle de l'humanité, est depuis 1977 (ouverture d'un département d'Archéologie à l'université d'Alger) et 1982 puis 1986 (classement du Parc culturel du Tassili et réserve de biosphère au Patrimoine mondial), placé au plus haut de l'Etat. Ces dernières années, sous la houlette de l'ancienne ministre de la Culture Mme Khalida Toumi, les réalisations d'événements, la construction d'établissements à caractère culturel, l'organisation de rencontres internationales ou le classement de sites archéologiques majeurs est unique dans le monde arabe. Mais on dira que ce n'est jamais assez. Le problème est que l'archéologie, comme partout ailleurs, est sous la tutelle d'au moins deux ministères si ce n'est pas plus : le ministère de la culture et celui de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Eu égard à l'impact des écosystèmes, une tutelle également de l'environnement pourrait être envisageable puisque à l'inverse, certains parcs nationaux portent sur leurs territoires des sites archéologiques. Tout cela pour dire que si l'un protège le patrimoine, matériau de recherche par ailleurs, l'autre ne mobilise pas assez de moyens pour ses chercheurs. -Quelle est la signification des découvertes nouvelles que vous faites en paléontologie des vertébrés ? En tant que pédagogue, les enseignements que je livre à mes étudiants, ou à tout auditoire porté sur les sciences de l'homme et les sciences naturelles sont de nature à leur transmettre une passion, plus qu'un métier. On ne peut pas faire de la paléontologie, de l'archéologie ou toute science annexe comme si on allait simplement au boulot le matin. C'est une passion qui vous prend aux tripes, le cerveau suit. C'est aussi une grande souffrance quotidienne. Forcément, quand la découverte est là, la joie est immense.L'impact sur l'environnement du passé et actuel l'est aussi. Car l'apparition d'un cheval sauvage (Equus algericus), apparu il y a environ 100 000 ans dans le continent africain, c'est le cours de l'histoire environnementale qui change. Ainsi, la domestication de cette espèce, bien plus tard, offre des scenarii qui n'étaient pas envisagées. Cela veut dire également que si les moyens sont là, les découvertes par les uns et les autres pourront se faire tous les jours. -Vous sautez de l'homme à l'animal, du crâne aux dents, de la colonne vertébrale au bassin, du Bassin parisien à l'Afrique du Nord et en particulier de l'Algérie ; où trouvez-vous du temps pour faire cela ? C'est encore une fois ce que je viens de relever plus haut. La passion, mais aussi la curiosité d'un monde vivant fantastique qui nous entoure. Tout m'inspire et tout est dans la nature. Tous les individus sont capables de prouesses innombrables, encore faut-il leur donner les moyens pour se déployer davantage. C'est le développement d'une recherche analytique particulière, qui fait que par sa connexion avec d'autres recherches aboutit fatalement à de nouvelles perspectives. Le cycle est infini, ce qui veut dire aussi que les congés et les week-ends y passent. Mais c'est le développement et l'évolution du mammifère qui m'intéressent, qu'il soit homme ou animal, en Algérie, en Afrique ou ailleurs.