Ne possédant pourtant pas la logistique, les moyens financiers et les «réseaux» de l'Espérance de Tunis, du grand Ahly du Caire et du Tout Puissant Mazembé, se déplaçant dans un avion privé, l'Entente sportive sétifienne, a damé le pion aux ténors du continent. Au coup de starter de la 18e édition, le club phare de la capitale des Hauts-Plateaux était considéré par aussi bien certains acteurs et observateurs comme le maillon faible de la compétition. Les circonstances ne plaidaient pourtant pas en faveur de l'Aigle noir, déplumé par ses propres joueurs ayant répondu à l'appel des sirènes par des contrats juteux. Faisant défaut à un club lâché par son environnement, le nerf de la guerre met en péril l'existence-même de ce patrimoine national. Ce dernier est à deux doigts du dépôt de bilan. Face à une situation des plus compliquées, l'ex-président du conseil d'administration, Azzedine Arab, remet le témoin à son retour du Brésil. Ne pouvant résister à un naufrage qui ne dit pas son nom, Hacen Hamar se retrouve seul à commander un navire chavirant dangereusement, craque, lâche une bombe qui se répand telle une traînée de poudre. Intervenant à quelques encablures de la reprise de la phase des poules, la démission arrive à bon port. Connaissant la place de l'Entente dans le cœur des Sétifiens, qu'ils soient adeptes ou non du sport-roi, les autorités locales, et à leur tête le wali, Mohamed Bouderbali, mesurent la gravité de la situation. Sur décision du premier responsable de la wilaya, une enveloppe de 40 millions de dinars est débloquée le jour-même. Dirigée par un ancien basketteur, à savoir le Dr Nacer Ouahrani, la commune de Sétif ne reste pas insensible et débloque 70 millions de dinars au mois de juillet de l'année en cours. Cette manne encourage Hamar à reprendre les commandes. Il est désormais seul au poste de pilotage d'une équipe en reconstruction. Enterrée avant l'heure, l'équipe qui vient d'enrôler Ziaya, Benyettou, Raït, Younès, Kouribaâ, Dagoulou, Gasmi et Dahar, prenant la place des ces «pros» partis sous des cieux offrant des mensualités de 3 millions de dinars et plus, ne seront pas tous qualifiés pour les joutes africaines. Expérience Pour diverses raisons, l'Aigle noir qui n'a pas été, faut-il le rappeler, soutenu et aidé par les instances dirigeantes (la Ligue professionnelle et la Fédération) de notre football, doit se contenter des apports de Ziaya, Benyettou, Raït et Younès dont la contribution a été déterminante. Pour étayer de tels propos, auteur d'un but à Kinshasa (match de la demi-finale retour) et de l'ouverture du score à Blida, l'ex-Harrachi, Sofiane Younès, a été le moins que l'on puisse dire déterminant. Comme l'appétit vient en mangeant, les Ententistes qui n'ont, lors de la phase des poules, gagné aucun match dans ce chaudron du 8 Mai 1945, voyagent bien, montrent un autre visage à l'extérieur de leurs bases. La victoire face à Benghazi (à Tunis) et le point ramené de Sfax ouvrent la voie à une formation dépourvue de vedettes et de «grosses têtes». Ce paramètre est pour beaucoup dans la consécration de l'ESS, version Madoui. Avides de notoriété, de succès et de titres devant garnir leur carte de visite (vierge), les Khedaïria, Megatli, Lagraâ, Zerara, Demmou, Djahnit, Lamri, Benyettou, Mellouli, Younès, Belaimeri et d'autres anonymes, adhèrent à la démarche du staff technique et d'un comité directeur se résumant à deux ou trois personnes, pas plus. Mettant en point de mire l'étape finale, les camarades de Ze-Ondo s'arment de volonté et d'une grande foi, mettent à profit les stages bloqués d'El Bez et de Sidi Moussa pour recharger les batteries et mettre en branle le fameux second souffle sétifien. En somme, l'entêtement, la volonté, la discipline d'une équipe sans «stars», les propos de certains favoris (l'ES Tunis s'entend), les problèmes rencontrés à l'intersaison, les embûches rencontrées en cours de route, le bon état d'esprit gardant la tête sur les épaules, la rage de gagner et de sortir de l'anonymat sont les principales raisons d'une consécration particulière et qui fera date… Bravo, les hommes !