Des stocks de pommes de terre sortis des chambres froides ont été savamment maquillés, mis sur le marché et proposés à la vente, comme s'il s'agissait d'un produit fraichement cueilli. Mettant à profit l'arrivée des premières pommes de terre fraiches, des spéculateurs sans vergogne s'activent pour tirer avantage de cette situation de quasi pénurie. En effet, sitôt les premières récoltes parvenues sur le marché, les prix au consommateur ont subi -contre toute logique- une nouvelle augmentation, passant de 80 à 100 DA. Marqué par une pénurie savamment organisée, le marché ne pouvait rester insensible à l'arrivée de la pomme de terre nouvelle. Depuis plusieurs semaines, on savait que le marché allait subir les contrecoups de la baisse de production d'arrière-saison, mais aucun expert ne s'était aventuré à en dessiner les contours. On a même frôlé de très prêt un recours à l'importation depuis le marché européen. Les stocks dans les chambres froides étant le secret le mieux gardé du pays, il fallait s'attendre à ce que cette situation profite aux spéculateurs embusqués dans tous les rouages. C'est pourquoi, l'arrivée plus que parcimonieuse de la pomme de terre fraiche n'a pas échappé à la perspicacité des spéculateurs. C'est ainsi que des tubercules sortis tout droit des chambres froides ont été, savamment, maquillés, mis sur le marché et proposés à la vente comme s'il s'agissait de pomme de terre nouvelle. Le subterfuge consistant à enfouir les vieux tubercules dans de la terre, à mélanger avec de l'eau d'arrosage et à conditionner pour le marché. Ainsi, des patates de la dernière saison, récoltées en pleine canicule estivale, sont transformées en patates nouvelles et vendues comme telles, soit 100 DA le kg alors que, quelques jours auparavant, elles étaient écoulées entre 75 et 85 DA. Pourtant, un œil averti peut aisément faire la différence. La pomme de terre nouvelle est plus petite, elle est peleuse et contient beaucoup d'eau. Il suffit juste de voir la taille pour faire la différence : jamais une pomme de terre récoltée en novembre ne peut atteindre la taille de celle récoltée en pleine saison. Il suffit juste de gratter la peau pour ne pas se laisser prendre. La peau des patates fraiches est très fine et se laisse gratter aisément, la pomme de terre ancienne a une peau plus rugueuse et ne se détache jamais. Ainsi, les spéculateurs parviennent aisément à influer sur les prix alors que l'arrivée de pomme de terre fraiche devrait faire chuter les prix par l'augmentation de l'offre. A ce rythme, la sortie de la spirale inflationniste est encore une fois différée. Et ce ne sont pas les faibles surfaces cultivées qui feront inverser la tendance.