La fermeture simultanée, hier, des RN12 et 26 par des habitants de la localité de Fenaïa (30 kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa), pour demander d'être raccordés au réseau de gaz naturel, a provoqué une grande indignation parmi les automobilistes, qui sont restés coincés toute la journée dans des bouchons monstres. Dès les premières heures de la matinée, des citoyens de cette localité, qui revendiquent d'être «raccordés dans le cadre de la deuxième tranche du programme de dotation en gaz naturel», ont fermé la RN26 à hauteur de Remila, et la RN12 au lieudit Bourbaâtache (à 25 et 20 kilomètres de Béjaïa), isolant littéralement la ville de Béjaïa, devenue inaccessible du côté sud. Il faut dire que c'est loin d'être la première fois que ces deux axes routiers fortement empruntés par les automobilistes sont utilisés comme moyen de pression par les citoyens, qui peinent à se faire entendre des autorités avec des moyens plus conventionnels. La sourdine des autorités a fini par laisser s'ériger, surtout à Béjaïa, la fermeture des routes et des édifices publics comme seul moyen de revendication qui soit à en mesure d'attirer l'attention d'une administration «démissionnaire», dont le désengagement se fait de plus en plus sentir. La réaction des automobilistes à l'égard de ses fermetures de routes répétitives est très négative, faisant craindre des affrontements entre les citoyens. «Ce qui se passe ici est injustifiable, comment peut-on pénaliser des milliers de personnes pour faire passer sa revendication ? C'est égoïste de leur part», s'est plaint un automobiliste algérois, qui a raté son rendez-vous à Béjaïa. Plus excité, un habitant d'Akbou, qui n'a pas pu rejoindre son travail estime que «les autorités doivent intervenir pour ouvrir la voie, même par l'usage de la force». D'autres plus analystes estiment que c'est aux autorités d'endosser toute la responsabilité. «Tout ce qui arrive aujourd'hui est la suite logique d'une politique faite d'exclusion et d'indifférence à l'égard des aspirations des citoyens», soutient un automobiliste. L'état d'esprit est autre chez les protestataires. «On n'en serait pas là s'il y avait un brin de considération pour les démarches légales de revendication ; la fermeture des routes, c'est les autorités qui l'imposent et l'imputent, par la suite, à la seule responsabilité des protestataires», se défend l'un d'eux. Quoi qu'il en soit, il y a lieu de se poser des questions sur cette situation, devenue insupportable pour les citoyens, coûteuse et pénalisante pour l'économie de la wilaya. En effet, pour chaque heure de fermeture de route, se sont 200 millions de centimes qui partent en fumée pour le port de Béjaïa. Les pertes sont aussi énormes pour les nombreux opérateurs économiques établis dans la région, pour qui le trafic routier reste vital. Le retard dans la réalisation de la pénétrante autoroutière Béjaia-Ahnif, rajoute une couche à cette «anarchie» endémique.