Lors de son passage éclair au département de l'industrie, Mohamed Benmeradi tenait à ses «champions» industriels dans des secteurs stratégiques tels l'automobile, la transformation, la pétrochimie, etc. La configuration actuelle du secteur industriel laisse paraître de petites entreprises aussi bien par la taille que par les effectifs. Près de 85% d'entre elles ont un chiffre d'affaires inférieur à 20 millions de dinars et plus de 90% emploient moins de 10 salariés (graphe 2). Dans ces conditions, l'une des sources du salut pour le secteur pourrait venir des clusters, un concept apparu en Algérie dans un passé très récent, mais qui donne pourtant lieu à l'émergence de quelques initiatives. Il s'agit de pôles de compétitivité centrés territorialement autour d'une activité industrielle et regroupant tous les acteurs (entreprises industrielles, fournisseurs, prestataires, institutions locales) avec des buts de coopération et de complémentarité, ce qui tranche avec l'idée des zones industrielles au sein desquelles «ces relations entre entreprises sont peu développées», note-t-on dans une étude de l'ONUDI (Organisation des Nations unies pour le développement industriel) publiée en 2013 sur «La diffusion de la démarche cluster dans trois pays du Maghreb : Algérie, Maroc, Tunisie». En avril 2012, on annonçait la création de deux clusters dans l'industrie auto-mécanique à Rouiba autour de la Snvi et Constantine autour de l'ENMTP. 30 projets de sous-traitance ont été signés avec des donneurs d'ordre. La même logique a également été promue dans le secteur agroalimentaire, notamment dans le domaine de la tomate industrielle (avec l'appui de l'organisme de coopération allemande GIZ) avec la mise en place d'un «cluster d'innovation» dans cette filière. Celle-ci a vu sa production chuté de plus de la moitié (de 100 000 à 45 000) entre 2000 et 2012, mais avec une vingtaine d'unités de transformation dans la région d'Annaba qui tournent à peine à 30% de leurs capacités (selon l'APS), les possibilités de relever la compétitivité de cette filière existent. L'étude de l'ONUDI met en avant d'autres initiatives en cours dans la filière huile d'olive à l'initiative de CHOK (Coopérative de l'huile d'olive de Kabylie) et la filière lait à l'initiative de la laiterie Safi et de la Chambre de commerce de Ghardaïa. Dans le premier cas, une coopérative a été créée regroupant 14 unités de production, ce qui a permis «d'améliorer la production à travers des investissements communs, ainsi que la formation des membres», souligne l'étude. Dans le second cas, ce sont 55 éleveurs de la wilaya de Ghardaîa disposant d'un cheptel bovin de 1000 têtes qui se sont constitués en association Chebka. Leur but étant de couvrir tous les besoins en lait et dérivés de la wilaya. L'ONUDI signale qu'il ne s'agit là que «d'initiatives de pré-cluster» pour lesquelles l'appui des institutions se manifeste certes, mais tarde à se matérialiser. Le secteur alimentaire recèle un important gisement d'entreprises avec, selon les chiffres de l'Office national des statistiques, un quart des entités économiques industrielles appartenant à cette branche (travail de grain, lait et produits laitiers, boissons, etc.) (Graphe 3).