Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), qui a vu de ses fenêtres, samedi, les nombreux manifestants réclamer une nouvelle fois son départ, a ressorti l'épouvantail Belkhadem pour tenter d'expliquer la fronde qui touche le parti. Dans un entretien à TSA, Il accuse l'ancien ministre d'Etat de «comploter pour déstabiliser le pays». «Amar Saadani sent que la situation peut lui échapper, estime un ancien ministre. Il veut des garanties de ses protecteurs. Mais on a l'impression que le secrétaire général du parti peut à tout moment être lâché.» Derrière la crise que vit le parti, se cache la lutte de pouvoir qui touche actuellement les clans du système. Le parti, qui n'a jamais été maître de son destin, a toujours subi les soubresauts qui touchent le pouvoir. Ces attaques contre le secrétaire général ont lieu au moment où plusieurs mouvements de protestation avaient auparavant touché le corps de la police, mais également de la Protection civile et des Douanes. Ce qui fait dire à Amar Saadani que «ceux qui souhaitent déstabiliser le FLN sont les mêmes qui ont poussé les policiers à manifester dans la rue et à monter vers la Présidence». Car, si le patron du FLN est parvenu à neutraliser son principal opposant, Abdelaziz Belkhadem, et asseoir son autorité sur le parti, il est en butte depuis quelques semaines à un vaste mouvement de protestation qui risque de lui être fatal. Signe de l'ampleur que prend la contestation, on a noté, samedi, la présence de plusieurs personnalités, ainsi que de trois vice-présidents FLN à l'Assemblée populaire nationale (APN) parmi les manifestants. Sans compter, les députés du parti qui avaient, dès le mois d'octobre, réclamaient son départ. Pis, Amar Saadani voit certains de ses soutiens le déserter. A l'image des proches de Abdelkrim Abada, qui avaient accepté de ne pas contester son élection à la tête du parti pour barrer la route à un éventuel retour de Abdelaziz Belkhadem aux commandes du FLN. Amar Saadani avait habillement utilisé l'animosité des proches de Abada pour l'ancien secrétaire général du parti afin d'obtenir leur soutien. Mais samedi devant le siège du FLN, deux adjoints du coordinateur national du mouvement des dissidents, Chawki Meziane et Mohamed Yerfa, étaient présents parmi les contestataires. Par ailleurs, la gestion à la hussarde de Amar Saadani est contestée en interne par certains membres du bureau politique qui la critiquent en privé. Ses fréquents déplacements en France, mais également ses dernières nominations à la tête des mouhafadhas ont été très mal vécues par certains cadres du FLN. L'installation de Nacer Latrache, directeur de campagne de Benflis à la tête de la mouhafadha de Batna a laissé des traces. Le poste avait été promis à Ali Menaksou, secrétaire de wilaya de l'Union nationale des paysans algériens (UNPA), avant que le secrétaire général du FLN ne change d'avis à la dernière minute. «A trop croire qu'il est intouchable et qu'il peut faire ce qu'il veut, Amar Saadani est en train de ressouder l'opposition, estime un membre du comité central. Même au sein du bureau politique censé lui être fidèle, certains manœuvrent en coulisses contre lui.»