Hassi R'mel, une commune classée parmi les grands pôles d'hydrocarbures du pays, est loin d'être un eldorado pour ses habitants. Sa population s'estime lésée par la politique de développement qui n'a pas concerné tous les secteurs. Le chômage reste le point noir qui hante les jeunes de la région de Laghouat. Selon des jeunes rencontrés par El Watan, le problème du chômage, très sensible dans cette commune, pourra devenir impossible à maîtriser en raison des obstacles administratifs et bureaucratiques que rencontrent les sans-emploi. Ces derniers sont ballottés entre une administration locale de l'emploi qui fuit ses responsabilités et des sociétés étrangères ou nationales peu soucieuses des normes et lois du travail.Le seul stade municipal, les cafétérias et les abords des rues de la commune grouillent de monde chaque jour, accentuant l'image d'un chômage désespérant. Des jeunes et moins jeunes désœuvrés déambulent sans but, avec sur leur visage les signes de désarroi, de fatalité et de monotonie. Indifférents à tout ce qui les entoure, ils semblent caresser un rêve qui ne se concrétise pas. Walid Abadali, un jeune au visage déjà ridé dira : «Le chômage pour moi, c'est la misère au quotidien et c'est difficile à supporter ; une situation pénible, c'est vraiment décourageant». Un autre nous avouera avec amertume : «Je pense qu'il n'y a pas d'avenir dans notre pays, malgré toutes mes tentatives pour trouver n'importe quel emploi dans la zone industrielle de Hassi R'mel qui compte de nombreuses sociétés gazières et pétrolières, mais en vain.» Les chômeurs accusent les autorités locales La dernière visite du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale dans la wilaya de Laghouat (il y a une dizaine de jours), n'a pas été satisfaisante pour les chômeurs de la wilaya. «Elle n'a rien apporté de nouveau», disent des sans-emploi de Hassi R'mel. Des rapports ont été adressés aux autorités locales, dont El Watan détient des copies, soulignant l'inefficacité de l'accompagnement des chômeurs de Hassi Rmel par l'Agence de l'emploi (Anem), censée les aider dans leur recherche d'emploi. Ils accusent l'administration de «poursuivre» une politique de marginalisation et d'exclusion des jeunes de la région et d'avoir «offert» des emplois de manière inéquitable. Les diplômés fortement touchés A Hassi R'mel, le chômage touche même les jeunes diplômés et les personnes qualifiées. Interrogés, ces derniers dénoncent souvent l'absence de postes d'emploi, notamment dans la zone industrielle en question, qui compte pourtant de nombreuses entreprises. «Il devient de plus en plus difficile d'accéder à un premier emploi malgré une formation supérieure», déclare avec amertume Fethi, licencié en droit. On reproche sans cesse aux jeunes diplômés un manque d'expérience. En sortant de l'université, ils sont nombreux à accepter un emploi précaire en guise de stage. Mais après 3 à 5 ans de sacrifices, rares sont ceux qui obtiennent un poste d'emploi correspondant à leur profil. L'ANEM pointée du doigt «Nous dénonçons la nomination d'une personne incompétente et sans expérience professionnelle à la tête de l'Agence locale de l'emploi de Hassi R'mel», peut-on lire dans un rapport adressé par l'Organisation nationale de la continuité des générations (ONCG) aux autorités locales de la wilaya. Cela se répercute, d'après la même source, négativement sur le marché local du travail. «Les autorités de la région sont loin de répondre aux attentes des chômeurs», affirme le président du comité des chômeurs à la zone industrielle de Hassi R'mel. Ce dernier soulève le problème de l'absence de coordination entre l'Agence locale de l'emploi et les sociétés implantées dans la wilaya de Laghouat. «On réclame une réforme au sein de l'Agence locale de l'emploi de Hassi R'mel et sa dotation en plus de moyens pour accompagner les chômeurs. Notre but est que cette entité soit plus efficace», ajoute la même source. El Watan a essayé à maintes reprises de rencontrer le chef de l'Agence nationale de l'emploi (Anem) de Laghouat pour avoir sa version des faits, en vain.