- Le nombre des aires marines protégées en Méditerranée est-il suffisant pour protéger toutes les espèces ? Pas encore. Cela dépend de ce que l'on inclut dans les aires marines protégées. Si on met des sites Natura-2000 ou si on n'y inclut que les réserves, les parcs, etc. On peut considérer qu'il y a plus d'une centaine d'aires marines protégées. Voire plus de 200 AMP à l'échelle de la Méditerranée, si on compte relativement large. Le problème, c'est la disparité entre le Nord et le Sud. Nous avons beaucoup plus d'AMP dans les pays européens, parce qu'il y a d'abord une réglementation et une demande de l'Europe d'arriver à avoir un pourcentage de côtes ou de surfaces qui soient protégées. Les pays européens sont obligés réglementairement d'installer ces aires marines protégées. Ça c'est la principale raison. Mais la tendance ces dernières années, c'est de venir vers les pays de la rive sud de la Méditerranée, ceux du bassin oriental avec beaucoup de nouvelles aires marines protégées qui sont en train de se créer ou qui sont en projet. - Certaines disparaissent-elles en cours de route ? Disparaître non, par contre un des problèmes, et que l'on a aussi en Europe, ce sont des aires marines protégées qui le sont surtout sur le papier. On annonce des AMP dans un secteur, mais y en a que deux ou trois qui sont réellement gérées avec du personnel pour contrôler et surveiller. - Le problème des chaluts a beaucoup été évoqué lors de ce symposium, jusqu'à quel point cette activité impacte-t-elle négativement les habitats marins en mer Méditerranée ? Les chaluts sont véritablement un problème majeur pour les herbiers de posidonie. C'est-à-dire dans la zone où se développement les herbiers, entre 10 et 40 mètres de profondeur, on peut avoir des régressions d'herbier entre 5 et 20% liées uniquement à l'action des chaluts. Ce qui est d'autant plus dommage, c'est qu'il s'agit de chalutages illégaux. Parce que dans ces zones-là, il est normalement interdit de chaluter. Mais le chalutage a lieu et les autorités laissent faire. Il est très difficile aussi d'imposer et de contrôler, je pense qu'il faudrait un vrai dialogue, mais cela est très difficile à mettre en œuvre. - Quel est l'effet du réchauffement climatique sur la Méditerranée et son habitat marin en particulier ? On appelle cela la tropicalisation de la mer Méditerranée. Cette mer a connu des périodes aussi chaudes, même plus chaudes, mais la vitesse à laquelle les changements se faisaient était relativement lente. Le problème que l'on a actuellement avec ce changement climatique global, c'est qu'il est très rapide et donc on a forcément des modifications très rapides de l'environnement et les espèces ont plus de mal à s'adapter à ces nouvelles conditions. Certaines peuvent disparaître d'autres peuvent arriver. Un bilan devrait se faire car les changements brusques pour les écosystèmes, hélas, sont toujours une mauvaise chose parce qu'ils n'ont pas le temps de s'adapter. - Il y a aussi l'effet de l'élévation du niveau de la mer... Oui, d'une part y a un réchauffement des eaux, des remplacements d'espèces, mais également une augmentation des niveaux de la mer, ce qui fait que des espèces qui vivaient à une certaine profondeur vont se retrouver plus en profondeur notamment les végétaux qui vont disparaître en profondeur parce qu'il n'y aura plus assez de lumière. - Ce qui affectera forcément la vie humaine. Peut-on craindre des mini-tsunamis ? Le problème de la remontée du niveau de la mer va affecter un peu les écosystèmes et les espèces, mais ça va surtout impacter les aménagements littoraux. Non seulement on assiste a une remontée lente du niveau de la mer, mais il y a également des phénomènes extrêmes liés au changement climatique avec des tempêtes, des inondations, des mini-tsunamis, et ça pose directement problème sur l'aménagement du littoral et sur les populations humaines qui vivent en bordure de littoral. La pollution a toujours existé et puis c'est quelque chose qui va plutôt en s'améliorant. On sait que le changement climatique existe, mais pour réduire ses impacts, ça bloque au niveau des Etats. Il suffit de suivre les discussions que l'on a régulièrement entre les pays, que ça soit lors des grandes réunions internationales, c'est très difficile de trouver des accords parce que lutter contre le changement climatique c'est réduire l'économie, réduire le développement.